« Dans
le prénom initial, Marie-Agnès, on entend la nostalgie du père : prénom
d’une femme qu’il aurait aimé dit-il, la première, femme d’avant la
mère.Dans le patronyme de Saint-Phalle, on entend, évidence même, ‘phallus’.Dans le surnom réclamé par la mère, Niki, on entend malgré tout ‘niquer’.Pour
peu qu’on torde un peu les noms – parce que l’onomastique est un
endroit où tout est permis – on pourrait en faire goutter une eau
noirâtre, dégueulasse, sorte de prédestination sordide.
Mais tout dépend dans quel sens on décide d’essorer. »
Dans ce troisième livre, Caroline Denys s’attaque à la frêle, à la forte, à la mystérieuse, à la décriée, mère des Nanas.
Dans un ouvrage entre le roman, la biographie et l’essai, elle compile ses recherches, des entretiens et son regard propre sur l’artiste, pour nous offrir une lecture passionnante, enrichissante et haute en couleurs.
On y découvre toutes les facettes de Niki de Saint-Phalle : plasticienne, peintre, sculptrice, réalisatrice de films. Une femme qui était à l’image de ses œuvres : une coquille douce, maquillée, bigarrée, cachant un intérieur noir, acéré, dur, entrelacs métalliques des tourments qui l’habitent.
Le viol incestueux par son père qu’il faudra exorcisé ; le rôle de mère qu’elle fuira pour être femme ; le mariage « parfait » qu’elle délaissera pour un amour tumultueux avec l’artiste Jean Tinguely.
Une femme forte, qui se sera battue contre ses démons, mais aussi contre la maladie et la solitude. Finalement, une femme comme les autres, comme vous et moi, qui a offert, par son œuvre, un exemple parfait du courage qu’il fallait pour s’imposer en tant que Femme : tirer ce qui nous fait mal, s’asseoir avec nos fesses opulentes sur les critiques, étouffer de nos seins lourds la désobligeance et l’irrespect – conseil à prendre métaphoriquement évidemment !
Alors : à vos marques, prêt.e.s, lisez !
Quidam éditeur (2020)