Lucie, la quarantaine, mariée-deux-enfants, est célèbre dans un métier trop peu connu : elle est marionnettiste. Un soir de réveillon, alors qu’elle se rend seule au cinéma, elle rencontre un homme étrange au physique peu commun qui lui lance à la cantonade : « Donnez-moi une bonne raison, une seule, de ne pas me suicider cette nuit. » Le choc de cet appel la renvoie à son adolescence, un jour où son père avait prononcé la même phrase avant de se pendre dans leur garage. Quand elle recroise l’homme à la sortie du cinéma, elle lui fait une proposition : qu’il fasse la voix de sa marionnette dans son prochain spectacle. Mais cet individu se révèle rapidement ne pas être celui qu’elle pensait, et sa présence dans sa vie va tout chambouler… Continuer la lecture
Archives par mot-clé : rentrée littéraire 2019
Le bal des folles, Victoria Mas
[Dédicace le samedi 5 octobre 2019, à 16h]
Fin XIXe, à Paris. Un mois de mars, le printemps arrive, et soulève les sourires sur les lèvres de certaines femmes. Car un bal se prépare. Et c’est le seul événement qui leur permet d’oublier un temps ce qu’elles sont, de croiser le temps de quelques heures des gens « de l’extérieur ». Ces femmes, ce sont les aliénées de la Salpêtrière. Ces femmes recluses, rejetées par leur famille, enfermées dans cette aile d’un hôpital où on expérimente sur elles plus que l’on essaye de guérir leurs traumatismes. Des femmes exposées par le célébrissime professeur Charcot, dans des séances publiques où ils provoquent des scènes d’hystérie, un spectacle racoleur, narcissique et dangereux. Continuer la lecture
L’artiste, Antonin Varenne
Paris, 2001. Un meurtrier assassine les artistes, faisant de ses crimes des œuvres d’art morbides, gores et torturées.
Heckmann, le super flic du moment, issu d’une grande famille, toujours bien habillé, froid, très intelligent, solitaire, est chargé de l’affaire.
Max, homme de la varappe utilisant ses facultés pour laver les vitres des plus hauts bâtiments parisiens, un peu perdu face à une paternité à venir, va être témoin d’une affaire et rapidement mêlé à l’enquête d’Heckmann pour retrouver le serial killer.
S’ajoute à ça le vieux médecin reclus, alcoolique, le faiseur d’anges au passé trouble, et quelques personnages secondaires très finement amenés.
Éden, Monica Sabolo
Un coin perdu, pauvre, une réserve. On ne sait pas où. On sait l’isolement, le huis clos d’une petite ville, les rumeurs qui vont avec, les regards en biais.
Il y a la forêt, immense et belle, encore imprégnée de mystère, de sombre, de magie.
Il y a les blancs et leur machines à déforestation acharnée.
Il y a le lycée.
Il y a la grosse autoroute qui traverse la ville.
Il y a le Hollywood, le bar où les ouvriers viennent boire plus qu’il ne faut.
Et Nita.
Qui s’ennuie un peu. Qui rêve de la prendre cette autoroute. Qui a sa vie monocorde.
Puis débarque Lucy. Avec son père, ils emménagent dans l’ancienne caserne de pompiers. Ils viennent de la ville.
Lucy est solitaire. Elle ne parle à personne, et personne ne lui parle vraiment. Ni les blancs ni les indigènes.
Lucy est double. Elle a toujours dans son sac une tenue de rechange, une jupe très courte, un tee shirt moulant, du maquillage. Loin du regard de son père, elle se métamorphose. Et elles parlent aux hommes. Ou les hommes lui parlent. En tout cas… très vite sa réputation est faite.
Mais Nita est aimantée, intriguée.
Parfois Lucy va dans la forêt. Un jour elle l’y entraîne et lui montre d’étranges symboles suspendus dans les arbres. Nita ne comprend rien. Lucy retourne à sa solitude.
Puis… des hommes, blancs, se font agresser par une immense, poilue, puissante, bestiole. Comme un être de la forêt, il déchiquète et disparaît dans l’obscurité.
Puis… un jour Lucy disparaît. Panique.
(Il arrive que ce soit des indigènes qui disparaissent, mais ça, tout le monde s’en fout.)
Une blanche. Il faut la retrouver.
Retrouvée. Violée. Muette.
On accuse l’indien. Continuer la lecture
Protocole gourvenante, Guillaume Lavenant
Protocole gouvernante, c’est avant tout un style. À la deuxième personne du pluriel, un livre sous forme de manuel, de marche à suivre, de guide, d’oracle, pour la gouvernante entrant en poste. Des chapitres courts, des étapes, des rites, des épreuves, que la gouvernante suit à la lettre pour intégrer la famille, y faire sa place, inspirer la confiance, et distiller, dans l’ombre, l’anomalie, le grain de poussière dans le rouage, l’eau sous le parquet jusqu’à ce qu’il se gondole légèrement… et empêche la porte de se refermer.
« vous finirez ce chapitre […] et vous attendrez le lendemain, parce que c’est ce qu’il faut faire, c’est ce que vous devez faire, […] attendre que tout finisse par arriver, et que tout arrive dans le bon ordre. »
Guillaume Lavenant livre un premier roman à l’atmosphère unique, immersive et complètement opaque. Le lecteur se retrouve captivé et perdu, obligé de suivre lui aussi le Protocole.
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