Shuggie Bain, Douglas Stuart

Glasgow, années 80, Agnès est une belle femme, toujours très apprêtée, qui ne baisse jamais les yeux, et ne se laisse jamais décontenancer. Après avoir fuit un mariage bien fait, mais trop ennuyeux pour elle, et trop petit bourgeois, elle espère vivre la grande vie, passionnée et passionnante avec le charismatique Shug Bain. Mais… voilà, elle a déjà deux enfants de son précédent mariage qu’elle ne parvient pas à abandonner, et elle se rend rapidement compte qu’elle est une conquête parmi tant d’autres pour le chauffeur de taxi aux yeux de braises.

Et voilà qu’un beau jour Shug, lui promettant un nouveau départ, la lâche elle et ses trois enfants (car le tout jeune Shuggie Bain est né de leur union entre temps) dans un quartier ouvrier (Sighthill) où le chômage est partout, où les maisons suintent l’humidité, où le paysage est sombre de la présence des terrils à l’abandon.

Agnès, le front toujours altier et la tenue impeccable détonne dans ce lieu, subissant les quolibets des commères alentours, et peinant à joindre les deux bouts, elle sombrera rapidement dans l’alcoolisme…

Douglas Stuart signe un roman magistral, une saga familiale intense, percutante. L’atmosphère est rude et en même temps pleine d’une véritable tendresse pour cette famille qui s’accroche coûte que coûte à l’existence.

Le personnage du jeune Shuggie est lumineux et plein de délicatesse dans ce monde tout en grisaille et en délabrement ; une relation intense et très belle, dans le don complet de soi, le lie à sa mère. Une relation magnifique et dévorante, qui dévoile les mécanismes de l’emprise.

Un prix Booker Prize amplement mérité pour ce premier roman, aux résonances autobiographiques.

Editions Globe (Août 2021)

(suite…)

Continuer la lectureShuggie Bain, Douglas Stuart

Un jour viendra, Giulia Caminito

Début 20e.
On suit deux frères, Lupo et Nicola. L’un, Lupo, sauvage, dur, indépendant, en colère. Il va s’engager dans le mouvement de révolte des paysans qui en ont assez de voir toutes leurs récoltes et revenus finir dans les poches des grands propriétaires.
(Révolte qui a très bien été écrite dans le court récit de Milena Agus : Prends Garde)
L’autre, Nicola, réservé, lecteur assidu et solitaire, à la santé fragile, vit en dehors du monde, et beaucoup à travers son frère.

Lupo le protège, le bouscule dans ses habitudes, le soutient, le couve parfois trop.
Une relation très belle, une fraternité forte et complexe, un amour immédiat, où de garçons fusionnels, ils deviennent des hommes indépendants mais liés.

(suite…)

Continuer la lectureUn jour viendra, Giulia Caminito

Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin

Un père et ses deux fils. Une vie tranquille, avec ses malheurs, ses petits bonheurs, sa routine. Une vie quand même, où déjà, il faut se battre, résister, affronter. Le deuil de l’épouse, de la mère. Les factures pas toujours faciles à payer. Le coin (en Lorraine) où la vie et l’activité disparaissent.

Mais ce père et ses deux fils, cette petite famille, tiennent. Solidaires, proches, taiseux souvent mais dans le partage.

Jusqu’au jour où le père apprend que l’aîné, Fus, a été vu avec un groupe d’extrême droite. Il n’y croit pas tellement le père, c’est une erreur. Lui toujours de gauche, lui qui a amené ses fils tracter avec lui quand ils étaient jeunes, eux qui ont toujours connu les ouvriers, les employés, les cégétistes…
Fus esquive, noie le poisson.
Sauf que, oui, ils traînent avec ces gens. Ils collent aussi des affiches de Le Pen un peu partout.

(suite…)

Continuer la lectureCe qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin

Les cochons du Paradis, Barbara Kingsolver

rivages kingsolver cochons paradis

Turtle a 6 ans lorsqu’elle est témoin d’un accident insolite près d’un barrage. Avec sa mère, elles sauvent un homme… et deviennent des stars. Fuyant cette soudaine célébrité, elles prennent de nouveau la route. Passé et futur s’entrecroisent, avec l’histoire cherokee de Turtle et des Etats-Unis.
La suite de L’arbre aux Haricots !
Poétique et réaliste à la fois.
Des formes de phrases autour desquels on s’emberlificote l’esprit, un petit sourire aux coins des lèvres. Parfois une petite larme.
Parce qu’il est foncièrement plus triste ce Cochons au Paradis par rapport à L’arbre aux haricots.
La pauvreté, les traumatismes de l’enfance qui remontent, la trahison, la séparation, la lutte toujours encore et encore. Sans grand espoir.

(suite…)

Continuer la lectureLes cochons du Paradis, Barbara Kingsolver

Fin du contenu

Aucune page supplémentaire à charger