L’histoire commence au fin fond de la Russie rurale, au Tatarstan. Fin des années 20. En plein hiver. Zouleikha se lève plus tôt que tout le monde, pour aller chaparder en secret une friandise de pommes séchées dans le grenier. Guettant les ronflements de son mari Mourtaza, elle traverse la petite maison, pieds nus sur le sol gelé. Mais c’est surtout de sa belle-mère, La Goule, dont elle a peur. Vieille femme aveugle, acariâtre et despotique. Qui la traite comme une esclave et l’humilie à la moindre occasion.
Mais Zouleikha trouve le courage d’aller voler cette sucrerie pour qui pour quoi ? On s’inquiète, on panique, on angoisse avec elle à chaque pas, à chaque craquement de bois, à chaque soupir du vent. Et on apprend, terrifiée, que ce n’est pour elle, un pique de gourmandise qui serait presque révolutionnaire vue son existence, ni pour un ami, un amant, une sœur qui serait comme un point d’ancrage d’amour et de solidarité dans ce monde glacial. Non. C’est pour le dieu de la rivière, qu’il transmette au dieu du cimetière qu’il prenne soin de ces 4 filles mortes en très bas âge.
Le ton est posé.