Portrait de la jeunesse groenlandaise. Personnages que l’on découvre chez eux ou à une fête. Récits construits en parties : à chacune son narrateur. Monologues intérieurs puissants. Des histoires d’amour qui se terminent, à décrire avec une violente justesse la mort des sentiments, l’ennui, la colère, le dégoût de l’amour de l’autre. Des histoires d’amour qui naissent, une rencontre à une soirée, une fille magnifique, le « courant passe », l’électricité palpable à chaque mot. Le besoin de fête, d’alcool, de bruits, de mouvements, pour oublier que ce pays est une prison, cloisonne, n’offre pas de perspective, tourne en rond.
La sexualité, le questionnement du genre, fait avec naturel, évidence, mais sans fermer les yeux sur le rejet, parfois, des parents, d’une famille qui nous ferme la porte, et une autre qu’on se crée, avec qui on est soi. Continuer la lecture
Archives par mot-clé : genre
Bénédict, Cécile Ladjali
Bénédict est professeur de lecture comparée en Suisse. Il enseigne à des étudiants fascinés par son magnétisme et son amour passionné pour les mots et la poésie. Des cours intenses de sens littéral et corporel. A tel point que deux élèves sont bouleversés par ses cours, jusque dans leur identité. Parce que Bénédict est mystérieux.
Et Bénédict retourne au printemps en Iran, son pays d’origine, pour y retrouver sa mère, mais aussi pour y enseigner la littérature. Sauf que pour passer la frontière, Bénédict doit reprendre l’identité qui est inscrite sur son passeport : et voilà que Bénédicte doit se recouvrir du hijab, baisser les yeux face aux hommes, et peser ses mots avant de les prononcer. Continuer la lecture
Rencontre avec Cécile Ladjali
Cécile Ladjali était présente à la librairie Nicole et Katia Maruani le samedi 20 janvier.
Pour la sortie de son nouveau livre Bénédict, ed. Actes Sud (Janv. 2018)
Bénédict, enfant d’une mère iranienne et d’un pasteur suisse, a grandi entre l’Orient et l’Occident, bercé par la poésie soufie et le souffle de l’Apocalypse, debout au milieu des contraires. Plus tard, devenu Maître Laudes pour ses étudiants, professant la littérature comparée à l’université de Lausanne et, un semestre sur deux, à celle de Téhéran, son enseignement singulier et sa mystérieuse personne inspirent passions et sentiments contradictoires à son public. C’est aussi que Bénédict semble une figure provocante, éminemment androgyne, affranchie des contraintes de sa naissance, prosélyte d’une parole de tolérance et de résistance, qui fait résonner dans les amphithéâtres des mots de liberté, ceux d’une révolution culturelle à conduire, ceux d’un monde où s’effacerait la dramatique et douloureuse séparation entre les sexes.
Roman de la réconciliation à la beauté grave et brûlante, Bénédict interroge les identités fixes et embrasse les genres, ouvrant un espace intermédiaire, entre grâce et pesanteur, vers un corps à corps apaisé par l’amour et la littérature. Continuer la lecture
La favorite, Matthias Lehmann
Constance, petite fille solitaire, vivant avec sa tante et son oncle dans un « château ». Élevée « à la dure », par sa tante (son oncle préférant picoler tout seul dans le salon), elle se retrouve souvent enfermée dans le grenier, où grouillent les araignées, où les ombres s’étirent.
Constance ne sait rien de ses parents. Ne sait rien du monde extérieur. C’est la tante qui régit tout. La tante qui la garde tout le temps enfermée sur leur domaine. La tante qui lui fait cours.
Jusqu’au jour où une famille de Portugais s’installe pour devenir leurs gardiens. Ils ont deux enfants. Et là, petit à petit, Constance va se révéler. A elle-même, et auprès d’eux. Continuer la lecture