Askja, Ian Manook

askja ian manookUn décor de cendre et de lave figée par le temps, sombre et mystérieux, Kornelius l’inspecteur aux allures de troll vient enquêter sur un crime. Seulement, à son arrivée, pas de corps. Il devait y avoir une femme nue, rousse, étendue, du sang. Rien.
Un peu plus loin, près de Reykjavik, au fond d’un cratère endormi, haut lieu touristique, une culotte rouge, un tesson de bouteille, et du sang. Toujours pas de corps.
Empêtré dans ces mystères, se rajoute un sniper qui canarde les lieux touristiques et effraie les vacanciers. Ces trois enquêtes ont probablement un lien. Lequel ?

Ian Manook pose très très bien le décor, les coins désertiques, sauvages, de lave, de sombre, de l’Islande. Les bains chauds où les corps se délassent. Les lieux touristiques atypiques avec carcasse d’avion sur une plage de sable noir. … On croirait se balader dans cette Islande lointaine.
Il rajoute quelques anecdotes historiques, sociologiques, qui épaississent le trait. Continuer la lecture

Lucky Man, Jamel Brinkley

Un jeune adulte entraîne un ami dans une nuit de folie dans le désir de suivre les préceptes de liberté virile de son père ; un adolescent fait le mur avec son petit frère, quitte à le mettre en danger, pour échapper à leur triste vie familiale ; un homme récemment sorti de prison cherche à nouer avec l’épouse et le fils de son meilleur ami décédé depuis quinze ans…

Ce recueil de nouvelles révèle une nouvelle voix, contemporaine et sensible, de la littérature afro-américaine. Chaque récit met en scène un garçon ou un homme enfermé dans les carcans de sa couleur de peau, de son statut social mais aussi d’une figure paternelle, d’un rôle viril prédéfini, d’une relation familiale forcée et usée par les ans.

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La vie en chantier, Pete Fromm

la vie en chantierTaz et Marnie vivent au fin fond du Montana, dans une vieille bicoque où tout est à refaire. Un chantier qui n’en finit pas, avec les dettes qui s’accumulent et les boulots un peu trop rares. Mais ils sont heureux, ils rayonnent de bonheur, d’amour, de solidarité. Marnie rabroue Taz, le met dans le droit chemin, lui rappelle la réalité des choses, un peu brute, franche, mais le sourire et la tendresse à tous les coins du cœur. Taz aime faire bien les choses, passe des heures à assembler un meuble, se laisse déborder par toutes les tâches, mais son amour absolu et pur pour Marnie le guide, le fait avancer, le cadre.
Et Marnie va pousser un peu plus fort Taz à faire les choses, parce que Marnie a le ventre qui s’arrondit chaque mois un peu plus. Et bientôt il faudra une vraie maison pour un vrai bébé.

Puis le drame.
Cinquante pages, le lecteur ou la lectrice, est déjà plein d’amour pour ce couple authentique, généreux et beau, et Pete Fromm brise le cœur de Taz et le nôtre en même temps. Continuer la lecture

Une Bête au Paradis, Cécile Coulon

une-bete au paradis, coulon, avis, critiqueUne vieille ferme, isolée au bout du monde. Une vieille femme, courbée par le temps, tordue par les épreuves, dépose un bouquet de fleurs sauvages au milieu d’une fosse à cochons désertée.
Cette femme c’est Blanche, la dernière survivante, la dernière qui tient, la femme seule, la résiliente.
Avant elle, il y a eu sa mère, Marianne, mais surtout sa grand-mère Émilienne.
Le Paradis, c’est Marianne qui l’a nommé ainsi, ce coin du monde où elle pensait trouver l’harmonie et la paix.
Mais les drames et les épreuves en décideront autrement.

Quel livre.
Quelles femmes.
Quel lieu.
Cécile Coulon décrit avec âpreté, force, et intensité, cette ferme, ces paysages, et ces personnages. Ce roman est comme une tragédie grecque : huis-clos où se joue mille manigances, où les blessures ne se referment jamais, où la vengeance reste tapie en attendant son heure. Continuer la lecture

L’encre vive, Fiona McGregor

fiona mcgregor encre vive actes sudUn été caniculaire à Sydney, on parle sécheresse, écologie. Une famille de bourgeois avec plein de petits problèmes. Marie, la mère, divorcée, ne peut plus rester dans la grande et belle demeure familiale. Elle n’en a plus les moyens. Ses trois enfants essayent comme ils peuvent de bien faire les choses, mais avec cet égoïsme naturel de l’enfant qui pense à lui avant de penser à sa mère.
La vente de la maison est un crève cœur pour Marie.
Elle boit beaucoup, depuis toujours, mais là, elle boit encore plus.
Elle sent que sa vie lui échappe, qu’elle n’a plus vraiment le droit de dire ce qu’elle pense, ce qu’elle veut. Qu’elle a été toute sa vie une bonne épouse, une bonne mère au foyer. Le réconfort, elle le trouve dans la culture de son magnifique jardin et dans les ronronnements de Mopoke, sa chatte vieillissante et presque sénile. Continuer la lecture