Myriam née Rabinovitch a reçu en 2003 une étrange carte postale représentant l’Opéra de Paris. Son émetteur est anonyme. Au verso sont inscrits les noms de ses parents, de son oncle et de sa tante, assassinés à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, sa fille et sa petite fille décident de remonter le temps et de plonger dans l’histoire de cette famille juive originaire de Moscou qui, après être passée par la Lettonie et la Palestine, avait choisi d’aller vivre à Paris.
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PLS, Joanne Richoux
Sacha et Angie, jumeaux, se préparent pour une grosse soirée, chez eux. Sacha traîne un peu les pieds. Soirée déguisée, à revoir tout le monde, à mettre le masque de la cordialité, de la joie, de la légèreté. Sacha n’a pas envie. Angie le motive. Après quelques gorgées d’un mauvais vin et quelques cachets de xanax, il déambule dans la soirée, danse, roule des pelles, cogne les corps, se cogne le coeur.
On suit les traces de Sacha, son regard désabusé et triste sur le monde et les autres, son émotion lorsqu’il voit Elle, sa colère sombre, son humeur noire.
Joanne Richoux, dans une langue crue et directe (la langue de Sacha, d’un jeune de dix huit ans en plein mal-être) bouscule lecteur et lectrice dans un récit bouleversant et percutant. D’une grande justesse sur cette période pleine de bouleversements, entre rage de vivre et pulsion de mort.
Avec une bande son qui se déroule à chaque chapitre, des titres rock qui bousculent, et une référence incontournable à Bret Easton Ellis, PLS est un roman qui, court comme un uppercut, vous mettra K.O.
Préférer l’hiver, Aurélie Jeannin
Deux femmes, une mère et sa fille, endeuillée, meurtrie, ont tout quitté. Elles sont parties, trouver refuge dans une cabane, au coeur de la forêt. Elles vivent là, à se nourrir de l’essentiel – de leurs récoltes, de leurs quelques courses faites dans la ville la plus proche, à plus d’1h30 en voiture – à lire, se partager les mots des autres, pour mettre un son, une image, sur ce monde qu’elles ont fui, qu’elles ne comprennent plus.
La narratrice, la fille, raconte leur quotidien, leur douleur et leur force.
Aurélie Jeannin signe un roman à l’écriture intense, des phrases concises où le lecteur devra se faire une place, laisser les émotions brutes résonner comme un écho dans le silence d’une forêt en plein hiver. Un style âpre où le givre craque, la neige étouffe les bruits, les animaux se blottissent, où ces deux femmes apprennent à vivre leur solitude et leurs pertes. Un livre qui ne raconte pas le deuil, mais le rend palpable, lui donne chair, comme un compagnon douloureux mais nécessaire. Un livre qui parvient à faire sentir la puissance de la résilience de ces deux femmes.
Autres livres de l’auteure sur notre site
Les Bordes (2021)
Au point du jour (2024)
Aurélie Jeannin est née en 1982. Elle vit avec son mari et ses enfants en forêt, quelque part en France.
Flammes, Robbie Arnott
Flammes est un roman qu’il faut oser ouvrir, oubliant la séparation du réel et de l’imaginaire et se plonger dedans, pour se retrouver embarquer dans une histoire merveilleuse.
Les femmes d’une famille reviennent à la vie, le corps transformé par le lieu où leurs cendres ont été répandues, font un petit séjour en attendant de « régler quelque chose » et s’en vont.
Après la mort et la brève résurrection de leur mère, Levi, le fils, pense sauver sa sœur, Charlotte, de ce traumatisme en lui fabriquant un cercueil parfait. La sœur s’enfuit, le plus au Sud possible, et finit sur une île d’élevage de Wombat.
Le frère commence une correspondance avec un spécialiste des cercueils, complètement parano, endetté, acariâtre, et solitaire.
Un pêcheur de thon exceptionnel se met à la retraite lorsque son otarie – parce que les pêcheurs ont des otaries comme compagne de pêche – décède brutalement.
Un dieu se balade dans le corps d’un rat d’eau.
Le feu naît et raconte son histoire. Continuer la lecture
Askja, Ian Manook
Un décor de cendre et de lave figée par le temps, sombre et mystérieux, Kornelius l’inspecteur aux allures de troll vient enquêter sur un crime. Seulement, à son arrivée, pas de corps. Il devait y avoir une femme nue, rousse, étendue, du sang. Rien.
Un peu plus loin, près de Reykjavik, au fond d’un cratère endormi, haut lieu touristique, une culotte rouge, un tesson de bouteille, et du sang. Toujours pas de corps.
Empêtré dans ces mystères, se rajoute un sniper qui canarde les lieux touristiques et effraie les vacanciers. Ces trois enquêtes ont probablement un lien. Lequel ?
Ian Manook pose très très bien le décor, les coins désertiques, sauvages, de lave, de sombre, de l’Islande. Les bains chauds où les corps se délassent. Les lieux touristiques atypiques avec carcasse d’avion sur une plage de sable noir. … On croirait se balader dans cette Islande lointaine.
Il rajoute quelques anecdotes historiques, sociologiques, qui épaississent le trait. Continuer la lecture