Abad a treize ans et vit à la Goutte d’Or, au cœur de Barbès, dont les rues élèvent, absorbent et recrachent la population la plus démunie et la plus bigarrée de Paris. Comme tous les adolescents, il a des copains, des bagarres, des amours foudroyantes et des fantasmes sexuels. Mais il a aussi ses souvenirs de guerre et ses désirs d’une vie meilleure qui l’entraînent dans la nuit d’encre de son quartier, parmi les dealers, les mafieux, les prostituées et les galériens. Jusqu’au jour où la vie met en travers de son chemin une psychiatre excentrique et une voisine mélomane qui vont lui changer la vie…
Archives par mot-clé : adolescence
77, Marin Fouqué
La Seine et Marne. Le 7.7. Un abribus. Un jeune homme à capuche se raconte. Au fil de ses pensées, dans un style oral percutant, brut et énergique, le narrateur décrit une vie rude, une vie en marge, à se construire dans la boue et sous les poings.
Au départ, c’est un trio soudé : le narrateur, celui à la gueule fragile, la fille Novembre qui s’affirme à coups de poings et Enzo le bon copain frondeur. Ils se soutiennent, toujours ensemble, ils jouent, se chamaillent, et grandissent.
Ils sont coincés dans ce département où le bitume grignote petit à petit le marron, où les vieux paysans, leurs soirées lotos, leur salon de coiffure dans le bar du coin, laissent peu à peu la place aux familles de Parisiens, qui restent à faire bronzette dans leurs jardins, et à traverser la ville dans leurs grosses voitures. Continuer la lecture
La menteuse et la ville, Ayelet Gundar-Goshen
L’adolescence n’est pas une sinécure pour cette jeune Israélienne du XXIe siècle : les kilos en trop, l’acné, pas assez jolie, pas assez drôle, pas assez intéressante… Et en plus sa meilleure copine l’a lâchée pour la bande des cools du lycée ! Pendant cet été ennuyeux à vendre des glaces dans l’indifférence générale, Nymphéa rêve du regard d’un garçon qui métamorphosera sa vie comme dans une comédie romantique. A la place, c’est une ancienne star de télé crochet qui se pointe au comptoir et l’insulte pour évacuer la frustration de ses projets de retour ratés. Et va commettre l’erreur de sa vie en courant après la jeune fille tandis qu’elle part cacher ses larmes aux toilettes. Hurlant de désespoir, Nymphéa alerte le quartier qui saute à des conclusions évidentes : tentative de viol sur mineure. Au lieu de la démentir, elle va laisser gonfler la rumeur jusqu’au point de non-retour. Téléportée sur le devant de la scène, Nymphéa porte sa victimisation comme un charme et réalise tous ses rêves : elle devient jolie, intéressante et trouve même un petit-ami. Mais la culpabilité la ronge, et Ceux-qui-savent (ou croient savoir) risquent de la faire tomber violemment de son piédestal. Continuer la lecture
Éden, Monica Sabolo
Un coin perdu, pauvre, une réserve. On ne sait pas où. On sait l’isolement, le huis clos d’une petite ville, les rumeurs qui vont avec, les regards en biais.
Il y a la forêt, immense et belle, encore imprégnée de mystère, de sombre, de magie.
Il y a les blancs et leur machines à déforestation acharnée.
Il y a le lycée.
Il y a la grosse autoroute qui traverse la ville.
Il y a le Hollywood, le bar où les ouvriers viennent boire plus qu’il ne faut.
Et Nita.
Qui s’ennuie un peu. Qui rêve de la prendre cette autoroute. Qui a sa vie monocorde.
Puis débarque Lucy. Avec son père, ils emménagent dans l’ancienne caserne de pompiers. Ils viennent de la ville.
Lucy est solitaire. Elle ne parle à personne, et personne ne lui parle vraiment. Ni les blancs ni les indigènes.
Lucy est double. Elle a toujours dans son sac une tenue de rechange, une jupe très courte, un tee shirt moulant, du maquillage. Loin du regard de son père, elle se métamorphose. Et elles parlent aux hommes. Ou les hommes lui parlent. En tout cas… très vite sa réputation est faite.
Mais Nita est aimantée, intriguée.
Parfois Lucy va dans la forêt. Un jour elle l’y entraîne et lui montre d’étranges symboles suspendus dans les arbres. Nita ne comprend rien. Lucy retourne à sa solitude.
Puis… des hommes, blancs, se font agresser par une immense, poilue, puissante, bestiole. Comme un être de la forêt, il déchiquète et disparaît dans l’obscurité.
Puis… un jour Lucy disparaît. Panique.
(Il arrive que ce soit des indigènes qui disparaissent, mais ça, tout le monde s’en fout.)
Une blanche. Il faut la retrouver.
Retrouvée. Violée. Muette.
On accuse l’indien. Continuer la lecture
My Absolute Darling, Gabriel Tallent
Julia, 14ans, surnommée Turtle par son père Martin, vit seule avec lui suite à la mort (restée floue) de sa mère lorsqu’elle était bébé. Dans ce bout perdu du Nord de la Californie, au milieu des bois et du varech qui grignotent chaque jour un peu plus les plages, une relation exclusive, destructrice et malsaine, s’est installée entre eux, cachés qu’ils sont dans leur vieille bicoque au haut de la falaise.
Tallent a choisi de bousculer son lecteur. Ou plutôt de lui enfoncer la tête, tout doucement, dans le varech poisseux et froid, jusqu’à toucher le fond pervers et étouffant de son histoire. Mais jamais jusqu’à la noyade ou l’étouffement. Tallent sait faire remonter le lecteur à la surface, lui donner quelques souffles d’air plus ou moins frais, salvateurs en tout cas. Continuer la lecture