Un couple à l’apparence parfaite. Architectes, beaux, auto-entrepreneurs ayant réussi à Munich, avec une petite fille, et une maison au bord du lac.
Mais voilà, Alexander, un jour, commence à se confier à Antje, une amie commune. Et lui dévoile le secret qui revient régulièrement le troubler : une relation sexuelle et ambiguë avec une polonaise. Une femme effacée, mutique, laide et pauvre, pour laquelle Alexander ressent un désir et une attirance incompréhensible.
La force de ce récit vient intégralement du style de Peter Stamm : un style ciselé, une narration intégralement menée par Alexander, avec ce que cela suppose d’aveuglement, de zones obscures, et de non dits. Un effet qui ouvre un grand le champ des suppositions et inclut directement le lecteur dans l’analyse, ou/et la recherche de la vérité.De ne rien révéler réellement de la psychologie de ses personnages, mais de les montrer dans leurs moments de doutes et de failles, permet au lecteur de s’identifier à eux – alors qu’aucun attachement n’a lieu entre les personnages et le lecteur. Rajoutant à cela une narration faite de flash backs et d’ellipses, installant le récit dans un suspens, donnant l’impression d’une spirale dans laquelle les personnages sont aspirés, sombrant de plus en plus profondément dans l’obscur.
A travers ce livre Peter Stamm révèle parfaitement l’incommunicabilité entre les êtres, la grande solitude de chacun, et l’impasse dans laquelle s’engouffre parfois les couples.
Un livre à l’atmosphère tendue, limite dérangeant et d’une finesse d’écriture tranchante.
Poche : Editions 10-18 (02.05.2013)
Première édition Bourgois (2010)