« Être otage, c’est pire qu’être en prison. En prison, tu sais pourquoi tu es là et à quelle date tu vas sortir. Quand tu es otage, tu n’as même pas ce genre de repères. Tu n’as rien. »
Et oui c’est la quatrième de couverture, tout est dit en quatre phrases.
Guy Delisle nous retranscrit le cheminement de pensée d’un otage (Christophe André) qui du jour au lendemain se retrouve en captivité sans repères.
Tous les jours le même scénario se répète : Attaché à un radiateur toute la journée, détaché pendant une heure pour pouvoir manger, faire sa toilette etc…. Il y a de quoi devenir fou. Pour ne pas le devenir Christophe se remémore les grandes batailles de Napoléon et s’accroche au décompte des jours.
Le plus dur est certainement de garder la tête froide, pour ne pas sombrer. Seul et sans nouvelle de personnes et surtout sans savoir ce qui se passe à l’extérieur (s’il y a des négociations qui avancent).
Guy Delisle après Shenzhen, Pyongyang (récits d’une expérience en Asie dans les films d’animations), Chroniques Birmanes et Chroniques de Jérusalem (récits de voyages) où déjà il choisissait de raconter les choses sous un angle subjectif de l’intérieur (il accompagnait sa femme travaillant pour une ONG) retrouve dans S’enfuir l’aspect très personnel et humain, et sans être, ici, l’acteur principal (il illustre et scénarise ce que lui a raconté Christophe André).
Très réussi, avec un suspens et une tension continuels, ce récit prend le lecteur et l’enserre dans son intrigue étouffante.