Jeanne est issue d’une famille pauvre, vivant dans un village du Valais. Une vie dans la peur du père qui rentre, saoul, violent. Une vie étriquée dans une campagne où tout se sait et où tout se tait.
Mais Jeanne va partir, grâce aux études. Lausanne, une nouvelle existence, pour se construire une nouvelle identité.
Mais est-il possible de s’affranchir de son passé ?
Jeanne croit en son intelligence, en une nouvelle vie possible. Lausanne c’est une grande ville, c’est anonyme. Elle s’intègre plus ou moins, elle se sent toujours en décalage, pauvre, fille de campagne, alors elle évite toujours de parler d’elle et d’où elle vient. De toutes façons, elle a coupé les ponts. Elle veut être une autre.
Installée à Lausanne, elle découvre la natation. Dans l’eau du lac, elle s’épanouit, trouve l’apaisement, la maîtrise de soi, le seul moment où elle est libérée du regard de l’autre. C’est son petit rite.
Elle trouve ses marques, et rencontre Charlotte. Une relation amoureuse dans laquelle elle se perd peu à peu, effacée sous le charisme, l’assurance, l’égocentrisme et l’apparat de sa petite amie.
Jeanne s’est-elle échappée du joug de son père pour retomber sous celui de Charlotte ? Et que faire de tout ce qui l’a construite : la nature, la vie rude, les sursauts au moindre bruit…
Ce livre est âpre, écrit au rythme de petits uppercuts qu’on se prend dans l’œil. On voit la coquille de Jeanne se former, se durcir, puis se fendiller de partout. C’est beau, intense, tragique. Il y a aussi beaucoup de force, que Jeanne puisera en elle, souvent en lutte contre la culpabilité d’abandonner les siennes à ce monstre qu’est le père, à la solitude et aux traumatismes. Un personnage qui va évoluer, avec sa complexité, de celle qui aura tout rejeter mais qui finira par revenir à ses racines, par comprendre qui étaient réellement sa mère et sa sœur, par accepter son identité enracinée dans la terre du Valais.
C’est un livre de bataille, qui montre les dévastes provoqués par la violence d’un mari et d’un père. Que le prix à payer, l’est par les victimes. Dans la force ou dans la soumission.
Éditions Sabine Wespieser (25/08/2022)
Née en 1971, SARAH JOLLIEN-FARDEL a grandi dans un village du district d’Hérens, en Valais. Elle a vécu plusieurs années à Lausanne, avant de se réinstaller dans son canton d’origine avec son mari et ses deux fils. Devenue journaliste à plus de trente ans, elle a écrit pour bon nombre de titres. Elle est aujourd’hui rédactrice en chef du magazine de libraires Aimer lire. Les lieux qu’elle connaît et chérit sont les points cardinaux de son premier roman : Sa préférée.