Les Simart-Duteil est une famille de bourgeoisie française, vivant dans une grand propriété de Normandie.
Quand le roman commence, ils font la une des faits divers : les Simart-Duteil vivent enfermés dans leur maison, celle-ci transformée en forteresse ultra-sécurisée.
Qu’est-il arrivé à cette famille bien sous tous rapports ?
Le roman va remonter aux origines de ce qui a amené toute une famille à se replier sur elle-même. Tout va commencer quelques mois avant. Paul, le cadet, le fils homosexuel que l’on a fini par accepter, le mouton noir qui n’a pas construit sa vie, monte des projets qui s’écroulent, découvrent dans les affaires de son père décédé une photo de ce dernier, en compagnie d’une femme et d’un enfant. Au dos « Ma Chadia et Feras ». Ni une ni deux, Paul en déduit que son père, qui faisait très souvent des séjours en Syrie y aurait eu une double vie.
Tentant de convaincre sa mère, son frère et sa sœur, de la gravité de la situation, ceux-ci vont en mesurer les conséquences lorsque leurs existences commenceront à s’étioler. Et si tout était manigancé par ce demi-frère syrien, qui justement essaye de prendre contact avec eux ?
Dans un style digne d’un grand roman noir, Kinga Wyrzykowska décrit avec méticulosité la lente descente en paranoïa des Simart-Duteil, ou comment l’étranger parvient à inoculer le déséquilibre, à révéler les aspérités d’une famille, à vouloir se protéger soi et ses biens.
L’autrice instille un suspens et une tension de plus en plus palpable, on sent l’étau se resserer autour des personnages : le parfait chirurgien esthétique se liquéfie sous l’assaut des mauvaises critiques publiées sur les réseaux sociaux, la parfaite mère de famille s’inquiète de sa vie étalée sur internet, le parfait looser invective les autres pour ne pas reconnaître ses propres échecs…
Un roman comme un miroir de notre société, de ses travers, écrit dans un style efficace, qui va droit au but.
Editions Seuil (19.08.22)
Née à Varsovie, Kinga Wyrzykowska suit ses parents en France au début des années 80. Après avoir étudié les Lettres modernes à l’École Normale Supérieure, elle enseigne à la fac de Saint-Étienne et commence une thèse qu’elle abandonne pour se tourner vers le théâtre et l’audiovisuel. Elle écrit deux films documentaires et traduit des pièces de théâtre avant de publier deux livres en littérature jeunesse chez Bayard Memor, Le monde d’après en 2015 et De nos propres ailes en 2017. Elle fait partie des fondatrices de l’agence littéraire Trames. Son premier roman, Patte blanche, sortira à la rentrée littéraire 2022 au Seuil.