Étienne, Photographe Reporter a été pris en otage lors d’une de ses expéditions. L’histoire commence le jour de sa libération. Dans un avion, les yeux d’abord bandés, en compagnie d’un homme armé, Étienne est fébrile. Sa peur, sa colère, ce qui lui a permis de tenir, ses souvenirs, ses questionnements, ce qui l’a rongé, tout tourne dans sa tête.
Préférant se réfugier dans la vieille maison familiale, à la campagne, auprès de sa mère, il va essayer de trouver dans la force et la stabilité de son enfance, de ses bons souvenirs, de la nature, de ses vieux amis de toujours, un appui grâce auquel reprendre pied dans l’existence.
Seulement, il a changé. En lui, il y a des émotions, des pensées et des envies qu’il n’y avait pas avant.
Et sa mère et ses amis ne sont plus, non plus, vraiment les mêmes qu’avant. Ou alors ils sont devenus tous trop différents ?
Tous ont en eux des émotions et des envies enfouies dont ils sont les Otages Intimes. Ce moi qu’ils font taire pour préserver l’autre, se préserver soi, pour continuer à avancer. Mais la limite est fine. A se taire soi ne finit-on pas par s’étouffer ?
Le lecteur se retrouve immergé. Il découvre l’horreur du confinement, et la difficulté d’être avec les autres. Il se prend d’affection pour chacun. Et espère pour qu’à la fin que tout ira pour le mieux.
L’écriture de Jeanne Bénameur est d’une beauté éclatante. La psychologie des personnages est complètement mise à nue. Des mots de chair, qui palpitent d’une vie qu’ils protègent.
Des mots à la fois très bruts, cisaillés, Bénameur ne fait pas dans la longueur. Une écriture qui donne l’impression d’un souffle saccadé, qui attend l’ouverture, le grand air. Un style qui travaille dans la profondeur, tout en restant simples.
D’une puissante force littéraire et humaine.
Actes Sud (20.08.2015)