Johnny Rio a passé trois ans à Laredo, au Texas, pour s’isoler, vivre seul (mais proche de sa famille), gagner sa vie « honnêtement ». Il revient à Los Angeles, pour 10 jours. Sans raison ? Il n’arrive pas à mettre le doigt dessus, mais décide de continuer, d’y aller, de revoir cette ville.
Los Angeles, où il vivait de tapin et de l’amour inconditionnel de Tom. Il était le petit mec filiforme, mignon, à la peau mat, qu’on pouvait se payer pour 10$. En trois ans il est devenu un homme au corps sculpté, avec 700$ en poche, et une assurance de prédateur.
Très vite, Johnny retrouve les lieux connus, les corps à l’affût, la chasse.
Johnny se prend au jeu de la séduction. Un jeu ? Pas vraiment. Il se défie. Les hommes qui l’approchent sont des numéros. Ils sont sa proie, lui le fauve à faire des ronds comme une panthère en cage. Pour la fierté ? Pour se prouver qu’il vaut mieux ? Qu’il peut tous les avoir ? Oui. Mais aussi parce que Johnny est drogué, drogué au désir des autres. Un regard se détourne de lui, et il sombre. Il n’a que son corps, qu’il entretient, que cette rage de vivre qui vibre et s’expulse à chaque rapport.
Un livre percutant, sensuel, sexy, rageur, mélancolique.
Il rappelle un Selby Jr. en plus brut, fracassant, animal.
Un personnage langoureux, anguille qui échappe, qui louvoie, qui cache ses failles… et crée une fascination obsédante chez le lecteur.
Un auteur méconnu en France, qui est devenu rapidement culte aux Etats-Unis, suscitant l’admiration de David Hockney, Jim Morisson, Soft Cell, Lou Reed, Bret Easton Ellis, David Bowie (qui l’a mis dans sa liste des 100 meilleurs livres !).
(1967)
(ed Laurence Viallet, 2018. Trad. Norbert Naigeon)