Années 80, Suède, principalement Stockholm.
La communauté gay (masculine).
En Suède, fin 70, on vient de dépénaliser l’homosexualité. Mais… qu’on ne se méprenne pas. Ce n’est pas que l’homosexuel est considéré comme normal, non. Il est reconnu, mais reconnu malade, et relevant de la psychiatrie.
N’empêche c’est un pas en avant à l’époque.
Seulement, début des années 80 le fléau SIDA surgit.
Et là, tous ceux qui pensaient, qui essayaient, qui luttaient, pour l’égalité, la reconnaissance, et le droit à une vie normale, sont considérés comme de pestiférés.
Le livre de Jonas Gardell raconte tout ça.
A travers le portrait d’un groupe d’hommes de différents âges, personnalités, parcours, et engagements, il dresse un tableau impressionnant de détails, de documentations, de témoignages et de force de toute la communauté homosexuelle.
Et le lecteur va s’attacher à tous les personnages, va savoir, sentir, être mis face à l’inéluctable, l’horreur, l’horrible, l’inhumain, mais va toujours croire, espérer et soutenir ces hommes abandonnés et maltraités.
Jonas Gardell n’épargne rien, il n’essaye pas de faire dans le doux, le superficiel, il raconte la difficulté du coming out, le rejet par la famille, la maltraitance dans les hôpitaux pour ces malades que l’on ne voulait pas soigner, le rejet par toute la société.
Il cite des articles, et montre à quel point l’homosexuel était vu comme une menace, comme un être contre nature, à enfermer, à parquer, à éloigner de la société « normale ».
Et en même temps, Jonas Gardell parle de ces hommes qui s’aiment, se soutiennent, continuent à y croire, à faire la fête, à se tenir la main, à affronter le regard des autres. Le regard de l’auteur est d’une tendresse infinie pour ses personnages.
N’essuie jamais de larmes sans gants est un livre d’une fluidité incroyable. L’écriture (et la traduction) se dévore. Le rythme de ce roman choral, avec des retours en arrière qui mettent en perspective, et donnent une dimension tragique aux scènes de la vie, happe le lecteur.
Une fois entrer dans ce livre, on n’en ressort plus.
C’est un Formidable roman d’amours. Des amours sous toutes leurs formes.
Un roman de lutte et de combats.
Un roman contre l’injustice et l’inhumanité.
Prix Libr’à Nous.
Editions Gaïa (sept 2016)