Né d’aucune femme, Franck Bouysse

ne d'aucune femmeLe livre commence avec Gabriel, le curé de campagne en route pour bénir le corps d’une femme dans un asile. Quelques jours avant, au confessionnal, une autre femme lui a dit de regarder sous les jambes de la morte, et de récupérer les carnets. Gabriel découvre les carnets. Le médecin au comportement suspect.
Gabriel, sitôt rentré, ouvre le premier carnet et découvre l’histoire de Rose.
Dès les premières scènes, Rose est vendue par son père, contre une maigre bourse de pièces, au propriétaire d’une forge.
Elle arrive sur la propriété. L’homme vit avec sa vieille mère, et son épouse alitée, à la porte de la chambre close et interdite d’accès.
Le palefrenier dit à Rose de s’enfuir, vite et loin.
Elle reste.
L’ambiance est posée dès les premières lignes, parce que Franck Bouysse a une écriture qui râpe, qui accroche, qui va droit au but. Des mots simples avec beaucoup de puissance.
Un roman noir, à la tension continue.
Tout est raconté, ou presque, par Rose à travers les carnets qu’elle a écrit.
Une histoire affreuse, évidemment, mais une telle intensité dans les mots, dans le ton direct, qu’il s’en dégage une force lumineuse.
On aime Rose, son opiniâtreté, son courage. Ô comme on aimerait la sauver.
On aime Edmond, le doux et peureux palefrenier.
On Gabriel, son empathie, sa curiosité, et son culot.
On tremble face à Charles et sa mère. Des scènes tendues, difficiles à lire. Une violence sous-jacente en permanence, et quand elle explose, s’avère encore pire que ce qu’on imaginait.

Né d’aucune femme est un diamant brut.
Franck Bouysse un orfèvre qui sait l’essentiel, tailler franchement, pour révéler une oeuvre dense, lourde, et brillante de noirceur.

 

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