Aoste.
Le sous-préfet Rocco Schiavone se réveille dans un appartement qui n’est pas le sien. Et déjà, ça le met en rogne. Tout comme cette toute petite ville où il a été transféré depuis 9 mois. Lui, le Romain, est puni (on doit savoir le pourquoi du comment dans les précédents livres, mais je ne les ai pas lus), et vit sa routine dans cette petite ville froide et humide.
Une enquête lui tombe dessus : disparition d’une ado de 18 ans, fille de riches entrepreneurs. Tout de suite, il sent le truc louche, l’imbroglio pas net. Le personnage de Schiavone est un régal : râleur, intelligent, bougon. Il n’hésite pas à remettre à leur place ceux qui l’emmerdent, et a une classification d’échelle d’emmerdements qui permet de savoir jusqu’où on peut pousser le bouchon.
Il ne supporte pas Aoste, la ville où il neige en plein mois de mai, où il bousille une paire de clarks par mois, où personne n’est foutu de se rappeler qu’il est sous-préfet (et non inspecteur ou commissaire); où on ne peut pas faire un pas de travers sans que toute la ville soit au courant, où la moitié de ses collègues sont bêtes comme leurs pieds.
Mais il est totalement, complètement, viscéralement impliqué dans son boulot, et quand il tient cette enquête, qu’il sent que la fille est en danger, ses méthodes ne sont pas trop conventionnelles mais il fonce, ne dort plus, fume quelques joints pour se détendre, enfonce ses pieds dans la neige, et embarque tout son commissariat avec lui.
Les dialogues écrits par Manzini sont tordants de petites piques bien placées, de double sens, de dialogues de sourds.
La narration se déroule sur deux plans : d’un côté Schiavone et sa troupe, de l’autre la jeune fille kidnappée, abandonnée seule dans une pièce insalubre.
Plus l’histoire avance, plus la tension augmente.
Manzini sait très bien distiller son intrigue, et happer le lecteur.
Un tourne pages complètement addictif.
Editions Denoël (04.05.2017)