Au Sangha, pays fictif d’Afrique, un nouveau candidat se présente à la présidentiel. Un bel homme très occidentalisé, qui a été champion de foot, acteur et chanteur. C’est la première fois, depuis des décennies, que le président en place semble risquer sa place. Pourquoi cet Ostiemi se présente ? Où a-t-il trouvé les fonds ? Est-ce réellement une menace pour le président en poste ? Est-ce qu’enfin le Sangha va connaître des élections démocratiques et un renouveau politique ?
Une journaliste, Claire Dorval, est envoyée pour enquêter. En parallèle, comme elle est sur place, elle va également s’occuper de dénicher des informations sur le meurtre brutal d’un de ses collègues : son corps a été retrouvé, en morceaux, à moitié dévoré par les crocodiles. Il aurait été assassiné par un roi de tribu (qui s’est dénoncé, et qui est emprisonné, ce qui n’arrive jamais), car il aurait fricoté avec sa fille. Fille d’ailleurs disparue depuis.
Cette tribu est située tout près d’une exploitation forestière dirigée par la mafia corse, et qui à la fois trafique du bois précieux et protégé, et également fait passer de la drogue.
En même temps, un commissaire est remis sur l’enquête du meurtre du journaliste français. Au départ, enquête de convenance, enjeu diplomatique, il pense juste recueillir quelques témoignages corroborant les conclusions de l’enquête, mais va rapidement soulever des questionnements, et comprendre que l’enjeu est bien plus complexe.
Pierre Pouchairet décrit un Sangha corrompu, violent, pervers et ultra dangereux, où les droits humains ne sont jamais respectés, où l’argent et le pouvoir ont tout sali, jusqu’aux âmes.
Entre les mafieux corses installés depuis plusieurs années, ayant la main mise sur les trafics, exploitant les autochtones jusqu’à l’esclavagisme, n’hésitant pas à faire usage de la violence, jusqu’à l’assassinat, les grands entrepreneurs français qui se font une place dans les affaires douteuses, contournant les lois et les réglementations, s’associant au grand banditisme, et les politiciens africains qui ferment les yeux, acceptent les dessous de table, maintiennent le statu quo du pouvoir en place car tout leur confort matériel en dépend… La vision du monde est noire, très noire.
Ajoutant à cela, une enquête très bien ficelée, où comme une toile d’araignée, tous les fils vont se rejoindre jusqu’à un point névralgique suppurant, où une pognée d’hommes se croient tout puissants, et prêts à tout. Les personnages sont bien dessinés, aux caractères forts et marqués, où les âmes « pures » ont du mal à rester intactes, et où les plus viles et perverses agissent en toute impunité.
Un livre policier passionnant, fort de l’expérience personnel de l’auteur.
Ancien commandant à la PJ, Pierre Pouchairet a déjà écrit plusieurs romans policiers, dont Mortels Trafics qui a eu le Prix Quai des Orfèvres en 2017.