Lucy est en rémission d’un cancer des seins. Elle a décidé d’avoir des
implants mammaires, et sans savoir pourquoi les demande d’une ou deux
tailles plus grande qu’avant.
Après une lutte contre la maladie, les
traitements, son corps malmené, elle ne se reconnaît plus, et ses
nouveaux seins attirent des regards qui la troublent.
Elle s’est perdue.
Un jour, elle sauve une pieuvre, dans l’accident elle perd ses deux seins siliconés.
Après une séance de psy, elle passe devant un salon de tatouage, et au lieu de se refaire faire des seins, elle décide de se faire tatouer des pieuvres sur le tout le torse.
Un roman intense, dans le mal-être du corps, l’incommunicabilité des
êtres – son copain est sympa, beau, gentil, attentionné, sauf qu’il ne
comprend rien aux changements chez Lucy.
Lucy qui découvre le
soutien tacite et brut chez une femme plus âgée, une Tassie de toujours,
qui chasse le poulpe à mains nues, prépare des conserves artisanales,
vit seule, semble pleine de force.
Lucy découvre un monde plus
sauvage, déjà écolo engagée, elle se retrouve dans un univers où la
nature est aussi ce qui nourrit, où les questionnements n’ont pas lieu
dans l’action. Où tout n’est pas noir ou blanc.
Lucy va se reconstruire, petit à petit, le corps de plus en plus recouvert de poulpes, elle va se réapproprier son corps.
Dans
la plume d’Erin Hortle, il y a un regard franc teinté d’empathie pour
les humains, perdus dans un monde qu’ils détruisent, qu’ils protègent,
perdus entre les traditions et la conscience écologique.
Il y a des moments plein de poésie sensorielle, quand l’animal, et notamment la pieuvre, devient narratrice. Des moments intenses quand Lucy refait unité avec elle-même, rassemble ses morceaux. Des moments de colère face à l’attitude machiste et dévastatrice des conquérants armés de harpons et fusils, prêts à chasser pour la plus belle proie. Des moments de sourire quand une franche affection entoure les personnages.
L’octopus et moi, c’est l’histoire de plusieurs combats, c’est l’histoire de plusieurs victoires.
Éditions Dalva (mai 2021)
Traduction : Valentine Leys