Amelia, de son vrai nom Joan, perd sa mère Diana, activiste contre la guerre du Vietnam, lors d’un tragique attentat à New York au milieu des années 70. Sa grand-mère décide de tout changer : d’adresse et de nom. Joan devient Amelia et quitte New York. On la retrouve à l’âge adulte, amoureuse de Lenny, juif californien. Mais le malheur frappe de nouveau à sa porte : son mari et son enfant sont percutés par un camion. Comment continuer à vivre quand le destin s’acharne sur vous?
Sans argent, elle se laisse embarquer pour le Mexique par un groupe de hippies, puis elle se retrouve à Lago la Paz, devant la porte de la résidence la LLorona, la pleureuse, drôle de nom mystérieux pour une résidence de vacances. Leila, hôtesse aux cheveux blancs armée de bracelets et longs colliers, au visage ridé mais d’une grande beauté lui ouvre cette grande porte et la laisse s’installer sans réclamer un peso. « Personne ne vient ici sans une histoire. Et elle est rarement facile » ajoute Leila. Cette maison est le paradis sur terre, rempli d’oiseaux et d’espèces tropicales. Amélia, le cœur brisé, trouvera dans ce refuge une reconstruction mentale et recommencera à dessiner et peindre. « Certains malheurs ne vous quittent jamais ».
Ce livre est l’amitié entre deux femmes fracturées par la vie qui se ressemblent. La trame romanesque marquée par la générosité, la bonté et l’empathie de ces héroïnes est terriblement touchante, sans jugement . Au pied d’un volcan El Fuego et d’un lac au milieu de la végétation tropicale : « on ne trouve pas forcément ce qu’on cherche en venant au lac, mais on trouve probablement ce dont on a besoin ». Une multitude de chroniques quotidiennes colorées racontées par des gens simples, désœuvrés, qui n’ont presque rien mais qui savent vivre de peu, une société multiethniques où cohabitent des gringos indigènes et occidentaux en quête de sens, vont vous attendrir.
Complètement dépaysant et rempli d’espoir, L’hôtel des oiseaux est ce petit coin de paradis aux pouvoirs infinis. Le dernier roman de Joyce Menard ne s’oublie pas et laisse en mémoire le destin atypique et résilient d’Amélia. Un vrai coup de coeur.
Editions Philippe Rey (août 2023)
Roman traduit de l’anglais (États-Unis) par Florence Lévy-Paoloni
Collaboratrice de multiples journaux, magazines et radios, Joyce Maynard est aussi l’autrice de plusieurs romans – Long week-end, Les Filles de l’ouragan, L’homme de la montagne, Les règles d’usage, Où vivaient les gens heureux – et d’une remarquable autobiographie, Et devant moi, le monde (tous publiés chez Philippe Rey). Mère de trois enfants, elle partage son temps entre la Californie et le Guatemala.