Les terres indomptées, Lauren Groff

Le roman démarre avec une jeune femme en fuite, à une époque lointaine qui ne sera définie qu’au fil des pages. Tout comme cette jeune femme, qu’au début l’on devine plus qu’on ne connaît. Elle fuit, un hiver, dans la forêt. Elle fuit un royaume, elle fuit une famille où elle était servante, nourrisse, elle fuit la famine, la maltraitance. Elle fuit un monde qu’elle a presque toujours connu et où elle n’avait pas d’identité.

Au fur et à mesure du livre, au fil de ses pensées, de ses souvenirs, de tout ce qu’il l’a amenée là, on découvrira qui elle est, d’où elle vient, où et quand l’action se situe.
C’est un roman âpre, tout en tension. Jamais cette jeune femme ne connaît le repos : entre chercher de la nourriture, fuir les dangers multiples, affronter la maladie, franchir les obstacles.
Se coupant du monde des hommes, elle va se retrouver, partir du viscéral de la survie pour se libérer des chaînes qu’on lui a mises toute son existence.
Lauren Groff est très habile dans son récit, alternant entre les moments de suspens, de fuite en avant, et les retours en arrière où se dessinent les nuances psychologiques. L’autrice parvient à dresser une galerie de portraits des personnages qui marquent une époque, tout en étant d’une troublante actualité.

Un récit qui déstabilise, au parti pris stylistique radical qui attrape et ne lâche plus, un roman qui pourrait être défini comme un thriller psychologique où la Grande Histoire est vue à travers le regard de la (soi-disant) personne la plus insignifiante qui soit.

Ed. de l’Olivier (janvier 2025)
Trad. Carine Chichereau

2 réflexions sur « Les terres indomptées, Lauren Groff »

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