[Dédicace Rencontre : Samedi 20 octobre]
Un roman en trois parties, qui se croisent, se font écho.
XIXe, Courbet reçoit la commande d’un tableau spécial – qui sera L’Origine du Monde
Années 50-60, Ava Gardner, saoule, droguée, sillonne à 100 à l’heure les rues de Rome. Elle s’ennuie sur le tournage de La Maja Nue.
Fin 90, le narrateur, Jacques, prof d’histoire esseulé, divorcé, qui sent sa vie lui échapper, et décide de prendre une année sabbatique.
Ce qui lit ces trois histoires : Ava Gardner, pendant une de ces nuits à Rome, avec le chef opérateur Giuseppe Rotunno, aurait posé pour des photos reproduisant des tableaux célèbres, dont L’Origine du Monde.
Jacques, adolescent, fasciné par Ava Gardner, l’a toujours gardé dans un coin précieux de ses souvenirs, lorsqu’il apprend cette rumeur, en 1995, lors de l’entrée du tableau de Courbet au Musée d’Orsay. Il décide d’enquêter.
Un livre palpitant, où le suspens tient tout le long du livre, où chacun des personnages vit à un moment cet instant où la vie bascule. Thierry Froger a une écriture au plus près de ses personnages, de leurs questionnements, de leurs émotions. Des êtres fragiles mais qui tiennent, toujours, jusqu’au bout.
Fascination pour Ava Gardner, en lisant ces pages, on a envie de (re)voir tous ses films. Histoire d’une icône qui lentement se fera broyer par le système hollywoodien et ses parasites (les mafieux et Sinatra en tête, l’alcool à profusion, l’angoisse de vieillir, l’ennui de ne pas être aimé, de jouer des rôles de moins en moins consistants).
Parallèle évident avec Courbet, et tous ses peintres à la fois soumis et exaltés par ce que l’on demande d’eux. A la fois aimés pour leur liberté, leur fougue, leur créativité et emprisonnés par la censure, la modération, l’argent.
Histoire plus sobre de Jacques, qui, par son obsession va perdre lien avec le réel, avec ses proches, et en même temps, en allant jusqu’au bout, malgré les obstacles, va se retrouver, et renouer des liens.
Un roman à la narration extrêmement bien pensée d’histoires qui s’entrecoupent et se répondent. Avec une réelle tension, qui tient le lecteur en haleine.