Un texte captivant, merveilleusement bouleversant
Dans les années 60, un jeune homme originaire des montagnes du Vieux Sud américain, amoureux de littérature et seul intellectuel de sa famille, part étudier à l’université avant de retourner, fraîchement marié, au village familial perdu dans l’espace et le temps. Dans un vieux manoir réputé hanté, il va peu à peu sombrer dans l’alcoolisme et le mutisme tandis qu’il essaie d’achever le roman de sa vie envers et contre tous, et surtout aux dépens de sa femme et ses enfants. Jusqu’au jour où il disparaît …
Quelques années plus tard, son fils aîné part lui aussi étudier le droit à l’université. Il retourne un été au village, dans sa maison d’enfance à présent abandonnée, soulevant la poussière d’un passé douloureux.
Dans ce premier roman à la temporalité décousue, alternant entre plusieurs présents, Phillip Lewis nous présente avec une grande pudeur l’histoire d’une famille dans un village qui n’a pas su évoluer avec le monde, d’une famille pauvre des Etats-Unis dont l’aspiration ramène toujours ses membres errants au bercail, à ce monde figé et intemporel lourds de préjugés et de fantômes.
C’est un roman d’apprentissage universel sur la fin de l’enfance, sur l’amour filial et fraternel, la difficulté à se détacher de l’emprise généalogique et le déchirement envers sa famille et ses origines. Mais c’est aussi une déclaration d’amour à la littérature, aux grands auteurs américains mais aussi aux livres en tant qu’objets, qu’outils de transcendance de soi-même et aussi de destruction.