Jessie a d’énormes problèmes de communication avec son fils de 15 ans, Marco. Démissionnaire, grand consommateur de marijuana, il ne supporte plus aucun cadre. Après quelques jours où il a « disparu » chez un ami, Marco appelle sa mère en pleine nuit pour qu’elle vienne les chercher, lui et sa petite amie. Dans la voiture, une fois tous les deux, Marco fait une terrible confidence qui va réveiller des souvenirs en Jessie. Mère et fils vont passer la nuit à rouler, à communiquer à nouveau…
Tiré d’un témoignage qu’on lui a fait, Mathieu Palain a écrit un roman très émouvant, au réalisme socio-familiale fort, où l’on se retrouve au plus près des personnages, dans la voiture avec cette mère et ce fils qui sont en lutte, en besoin de reconnaissance, en désir d’amour, en nécessité de se comprendre, de se retrouver.
C’est le roman du parcours d’une femme ordinaire, qui a du survivre face au pire, qui s’est perdue, a dû se battre contre les autres, contre elle-même, dans une société qui a rapidement anéanti ses rêves, et où elle n’avait pas d’autres choix que se taire et affronter.
C’est aussi un roman qui parle de ce que l’on transmet aux enfants, des secrets que l’on pense protecteurs mais qui peuvent se révéler destructeurs. Des remparts que l’on construit, à chercher la maîtrise de son existence et s’éviter les souffrances, mais qui nous coupent finalement des autres et un peu de soi.
L’écriture de Mathieu Palain est faite d’empathie, avec un réelle tendresse pour ses personnages plein de failles qui peinent à se trouver et se retrouver.
On peut difficilement lâcher ce livre, qui du parcours singulier d’une femme résonne fortement avec ce que doivent subir tant de femmes. Cette parole libérée au cœur de la nuit est presque comme un chant du cygne. On aimerait que ce soit celui de cette société patriarcale et aliénante.
Editions Iconoclaste (août 2024)
Remarqué pour ses talents de portraitiste dans la revue XXI, Mathieu Palain est lauréat du prestigieux prix Françoise-Giroud. Il a publié son premier roman, Sale Gosse, à L’Iconoclaste en 2019, qui a été un succès critique et public.
Avec Ne t’arrête pas de courir, 2021, il remporte plus de quinze prix dont le prix Interallié, le Grand Prix des lectrices de Elle document 2022, le prix France Culture des étudiants.