Qui sont ces funambules, les héros du roman de Mohammed Aissaoui ?
Le narrateur a quitté son pays natal à neuf ans, avec sa mère analphabète, qui a rêvé d’un avenir meilleur pour son enfant. « Ne pas écrire. Ne pas savoir écrire. Est-ce que quelqu’un sait à quel point ne pas savoir écrire est une souffrance ? »En France, il va être sauvé par le chemin de la littérature car il devient biographe des démunis :
« J’exerce le métier de biographe pour anonymes. Je raconte les vies de ceux qui veulent laisser une trace, même dérisoire. J’écris pour ceux qui ne trouvent pas les mots. Ceux qui pensent utile de narrer leur histoire afin qu’un membre de leur famille éclatée puisse la découvrir un jour. À chaque fois, j’ai l’impression de rédiger des messages dans des bouteilles jetées à la mer ; je sais que ceux à qui s’adressent ces livres les ouvrent à peine, quand ils ne les oublient pas dans un carton. À force, j’ai compris : on écrit pour soi. »
Son travail l’amène à fréquenter les organisations dédiées à l’aide des autres, telles que Les Petits Frères des Pauvres, le collectif Les Morts de la rue et Les Restos du Cœur, qui nous montrent la qualité humaine de ceux qui font leur travail avec passion et un grand dévouement (et qui sont les vrais héros des temps modernes), pour réparer la vie de ceux qui en ont le plus besoin. Il nous fait comprendre « que nous sommes tous des funambules ».Que le fil de la vie est fragile.On peut être tout en haut et tomber.Une maladie.Une rupture.Un accident.Tout peut basculer en un instant.Ces être que l’on voit dans la rue, sait on quelle histoire ils portent? »
Il signe un récit de grande humilité et d’humanité débordante; une ode à l’amour pour son prochain et une dénonciation des inégalités sociales, dans un langage simple .
Mohammed Aissaoui est sélectionné pour le prix du Goncourt 2020.
En dédicace le samedi 7 novembre à la Librairie Maruani à partir de 15h30
Editions Gallimard (septembre 2020)