Une plongée passionnante et terrifiante dans l’univers étriqué et oppressant de la colonie de Salem, en Nouvelle-Angleterre, au 17e siècle. Un village dont le nom restera tristement célèbre pour l’affaire dite des « Sorcières » qu’Abigail nous raconte, elle qui, à 17 ans, fut une des victimes de l’obscurantisme et du fanatisme religieux à l’œuvre. Tout commence quand un jeune garçon lui offre un joli petit âne en bois sculpté… (présentation de l’éditeur)
L’histoire commence tranquillement, tout en douces couleurs de printemps/été, à la campagne. Petit village, champs de blés et forêt luxuriante. Abigail vit paisiblement, avec son père et sa belle-mère. Puis… les choses, petit à petit, prennent un tour plus oppressant, angoissant, terrifiant. Les pages s’obscurcissent au fur et à mesure que le puritanisme puise dans la haine et la violence. Les figures prennent des allures démoniaques. Les décors des airs de cauchemars.
Thomas Gilbert mène parfaitement son récit, avec une histoire que l’on pense savoir parcoeur, on se retrouve surpris, impliqué, à serrer les dents et espérer (malgré tout) une belle fin.
une histoire qui dénonce la manipulation des esprits, sous couvert de religion, le prêtre persuade les villageois d’éradiquer le Malin qui s’est emparé des femmes de Salem (en fait, au départ, il cherche à cultiver la peur pour récolter plus de dons, puis il plonge dans la folie puritaine voulant cacher un horrible péché). Une histoire qui montre comme il est facile de se choisir des boucs émissaires, et comment le pouvoir peut mener à l’aveuglement, la violence et la haine. Comment les masses se laissent influencer.
Éditions Dargaud (2018)