L’histoire commence par une église, située dans une rue qui porte aujourd’hui son nom. Miguel Bonnefoy nous transporte au Venezuela, à Maracaibo, dans une ville ouvrière où le pétrole jaillit du sol. L’orphelin, le protagoniste, va vivre mille vies : mendiant, vendeur de cigarettes, homme à tout faire dans un bordel, avant de devenir l’un des plus grands chirurgiens du pays, aux côtés de l’amour de sa vie, Ana María, la première femme médecin du Venezuela.
Antonio ne manque pas d’ambition. Il aime son pays, malgré les renversements de pouvoir, la dictature, la corruption, les révolutions et son emprisonnement pour trahison. L’histoire suit le destin de deux guerriers, ces combattants pour la liberté, le savoir et l’instruction.
Cette épopée familiale, d’un destin magnifique, est profondément romanesque. C’est une cavalcade d’instants de vie, une succession de fragments vivants et poignants.
L’écriture narrative de Miguel Bonnefoy est splendide, toujours riche en descriptions et en détails sensoriels. On se laisse envoûter par les parfums des bougainvilliers et des magnolias, les épices et les saveurs partagées, tout comme par les couleurs éclatantes de l’Amérique du Sud qui se mêlent à l’intensité du tourbillon de la vie. La persévérance, l’ambition, la force, l’altruisme, la condition des femmes, les désillusions, la famille et la transmission font de Le rêve du jaguar un livre à ne pas manquer, un véritable appel à la lecture.
« Je ne connais rien aux romans », dit Zina. « Mais je sais que les paysans de Maracaibo sont persuadés que dans toute portée de chats, il y a un jaguar. La mère prudente l’isole, le chasse pour l’empêcher de dévorer les autres. Il grandit différemment. Il s’émancipe. Ce sont les bâtisseurs de cette ville. On est tous fils d’un rêve de jaguar. »
Editions Rivages (août 2024)
Miguel Bonnefoy, né le 22 décembre 1986 à Paris en France, est un écrivain français et vénézuélien. Il obtient le Grand Prix du roman de l’Académie française ainsi que le Prix Femina en 2024.
v1n2zl
crmam0