Dakota du Nord. Petite ville, Argus. Une famille écartelée qu’on suit sur 40 ans.
Ça commence ainsi : une femme, deux enfants. Elle vit dans le luxe que lui apporte son amant (père des enfants), jusqu’au jour où il meurt (étouffé au blé). Ils se retrouvent sans argent. Très vite, c’est la misère.
Un jour, à une foire, les trois enfants (entre temps un bébé est né), voient leur mère grimper dans l’avion d’un cascadeur aérien, et disparaître dans le ciel pour ne jamais revenir.
Les enfants, mode Hobo, grimpent dans un train de marchandises pour rejoindre Argus, ville où vit leur tante.
Mais le garçon, Karl, en chemin, prend la branche d’un arbre qu’il casse, et s’enfuit.
De là, des vies se construisent, se bousculent, se contaminent, s’influencent, se croisent et se décroisent.
C’est dans la pure veine du roman américain, de la saga ponctuée d’événements, de gens, de sentiments, de tâches du quotidien, de petite ville pleine de rumeurs, de poussière, de chaleur et de froid, de chiens, d’odeurs…
Finalement les personnages sont tous faiblards, lâches, enfoncés dans leur schéma. Erdrich passe d’un point de vue d’un personnage à l’autre, tous victimes de leur situation et des Monstres qui les effraient : Mary et Dot. Deux filles, puis femmes, aux caractères bien marqués, dures et revanchardes… d’après ce qu’en disent les autres. Le regard des autres, toujours, qui pèse. Qui déforme, qui invente. Qui empêche parfois de vraiment connaître les personnages.
Ce livre de Louise Erdrich est comme un vieil album photo retrouvé au fond d’un grenier qui raconte un bout d’histoire sur une vieille ville et quelques personnes inconnues, on est intrigué, on s’y attache, mais on ne saura jamais tout.
Le pique-nique des orphelins est un véritable tourne-page qui se lit tout seul, avec des passages lumineux, incroyablement prenants.
Editions Albin Michel (04.01.2016)
Première édition : 1986
Editions Robert Laffont (titre La branche cassée) (1988)