Mi-(auto)biographie mi-récit historique, ce livre par un des plus grands auteurs espagnols contemporains donne un point de vue unique sur la guerre d’Espagne.
Javier Cercas, écrivain espagnol de renom et fervent républicain de gauche, dont les idées sociales et politiques ont largement été exposées dans ses précédents écrits (dont le fameux Les Soldats de Salambre), révèle ici que, non seulement il vient d’une famille de droite qui a soutenu le franquisme pendant la guerre, mais que, pire encore, il a eu un grand-oncle engagé de son plein gré dans les troupes phalangistes !
Mort au combat à tout juste 19 ans, ce grand-oncle, Manuel Mena, est considéré comme un héros dans sa famille, et en particulier par la mère de Javier Cercas. Celui-ci en a toujours eu honte, mais sa curiosité l’a tout de même poussé à faire des recherches sur ce personnage nébuleux, recherches qui se transforment en une enquête approfondie de plusieurs années aux quatre coins de l’Espagne, sur les traces des combats sanglants de la guerre civile, mais aussi au village familiale, dans une des campagnes les plus reculées de la province la plus pauvre d’Espagne, l’Estrémadure.
Qui était Manuel Mara ? Pourquoi a-t-il été soldat aux ordres de Franco ? Qu’est-ce qu’un héros ? Peut-on être quelqu’un de bon et intègre quand on adhère sincèrement à une mauvaise cause ?
Javier Cercas pose toutes ces questions alors qu’il tente de donner une substance à cet adolescent en deux dimensions par une vieille photo délavée, qu’il essaye de se débarrasser de ses préjugés et de sa honte, dans un travail d’investigation journalistique et historique impressionnant. Javier Cercas explore aussi dans son récit, l’instabilité idéologique d’une communauté de “serfs”, les pauvres des pauvres, dans un contexte politique toujours changeant et l’influence de quelques personnages détonants, pour le meilleur et le pire.
A lire absolument !