Le Bateau-Usine est avant tout l’adaptation d’un roman culte au Japon, écrit par Takiji Kobayashi en 1929. Celui-ci y dénonçait les conditions de vie et de travail des ouvriers sur les bateaux de pêche, grosses usines raclant les fonds de mer à tours de bras. Les bras décharnés des hommes traités comme des esclaves pour un rendement maximum. Et qui, un jour, se soulèvent contre leurs patrons.
Takiji Kobayashi, auteur engagé, dérangeait beaucoup le gouvernement. Il sera arrêté en 1933. Et mourra lors de son incarcération, à 29 ans, sous la torture (les autorités parleront de crise cardiaque…).
Depuis Le bateau-usine connaît des périodes où il explose encore les ventes au Japon.
L’adaptation en manga par Fujio Gô permet aux lecteurs français d’accéder à cette œuvre. Le roman traduit et publié aux éditions Allia en 2015, resté assez confidentiel.
Fujio Gô adapte avec talent l’histoire de Kobayashi. Les traits sont secs, les planches des instantanés où on sent les conditions de vie de ces hommes : l’entassement des corps dans peu de surface, la faim, l’odeur, la saleté, et la solidarité. On tremble littéralement pour les ouvriers, on se crispe violemment face à l’injustice, et on ne peut s’empêcher de faire le lien avec des situations encore d’actualité.
Le bateau-usine est un véritable pamphlet anticapitaliste où l’homme trouve là un moyen d’expression, de cri, de révolte. Une œuvre incontournable.