[Dédicace le samedi 5 octobre 2019, à 16h]
Fin XIXe, à Paris. Un mois de mars, le printemps arrive, et soulève les sourires sur les lèvres de certaines femmes. Car un bal se prépare. Et c’est le seul événement qui leur permet d’oublier un temps ce qu’elles sont, de croiser le temps de quelques heures des gens « de l’extérieur ». Ces femmes, ce sont les aliénées de la Salpêtrière. Ces femmes recluses, rejetées par leur famille, enfermées dans cette aile d’un hôpital où on expérimente sur elles plus que l’on essaye de guérir leurs traumatismes. Des femmes exposées par le célébrissime professeur Charcot, dans des séances publiques où ils provoquent des scènes d’hystérie, un spectacle racoleur, narcissique et dangereux.
Victoria Mas peint le portrait de plusieurs femmes, des folles. À travers ses personnages, l’autrice montre l’injustice, l’objectivisation de ces femmes. Dans un style moderne, vif, au plus proche de ces femmes (Charcot n’est qu’une figure lointaine, charismatique, et emblématique qui pèse grâce à sa réputation), Victoria Mas s’intéresse à l’humaine, au destin contrariée, aux vies avortées. Des vies sacrifiées, enfermées. Car il était plus facile de faire taire ces femmes que d’entendre leurs maux, ou de les laisser libres de vivre comme elles l’entendaient.