Paul, un étudiant classique, tranquille, avec ses potes, ses études et ses petits boulots. Qui a une petite honte refoulée d’être d’un milieu modeste.
La nuit, l’obscurité, ce qui va leur permettre de se trouver, de se réunir. Ce temps où tout devient force et intensité. Pour le meilleur et pour le pire.
L’avancée de la nuit parle d’amour, d’amour complexe, de destruction, de solitude. De la guerre (Bosnie). Des racines (du mal ?) : les mères absentes, en fuite ou décédée, dont la disparition a creusé le coeur de Paul et Amélia, a créé un déséquilibre, un creux au bord duquel ils se tiennent. Ou sombrent.
Le livre parle aussi d’architecture, de ville, d’urbanité. De la peur qui se cache en son centre, en son ventre, et pourrait la détruire. Parle des attentats. De ses enfants qui grandissent sous les caméras, perpétuellement surveillés, guettés, suspectés. Ou les explosions et la destruction peut surgir n’importe où.
Et la guerre. Celle de Bosnie. Où la mère d’Amélia a disparu, a cherché à se trouver, à construire, à aider, et s’est perdue. Où Amélia tentera elle aussi d’apprivoiser le manque, le vide qui l’empêche de sortir de l’ombre.
Ce livre raconte tout cela, et tant d’autres choses.
Dans une langue incroyable. Intense. Où la lumière perce dans l’obscurité, où les phrases sont précises, poétiques, brûlantes. Jakuta Alikavazovic parle de quête de sens là où il n’y en a plus, de destruction de nos repères, de villes anéanties. L’écriture et l’histoire de L’avancée de la nuit est exigeante, éprouvante, dense, et tellement intense qu’une fois que le lecteur se sera glissé dans son rythme, il ne pourra en sortir que bouleversé.