Le documentaire commence par le deuxième procès pour meurtre de Jean-Baptiste Rambla. Alors qu’il semblait retrouver le bon chemin, avait un boulot, et se comportait avec calme et discrétion, il assassine brutalement une jeune femme. A priori au hasard.
Agnès Grossman remonte alors le temps. Jean-Baptiste Rambla est le frère de Marie-Dolorès Rambla, l’enfant kidnappée sous les yeux de son jeune frère et assassinée en 74. Rapidement arrêté et jugé pour ce crime, Christian Ranucci est condamné à mort. Si ce ne sera pas le dernier à subir cette peine (deux autres suivront avant l’abolition), il sera au cœur des débats sa pratique.
L’autrice retrace toute l’histoire des Rambla, le traumatisme du meurtre de leur fille, le besoin viscéral de justice du père, qui refuse l’abolition, qui refuse tout allusion aux incohérences du dossier Ranucci – quelques éléments serviront au fil des années à mettre en avant son innocence supposée.
Ce livre remet en perspective cette époque trouble où la peine de mort était un sujet suscitant les plus vives polémiques, tout en n’oubliant pas l’aspect humain et traumatisant de la famille Rambla, prise malgré elle dans le tourbillon socio-politique.
Un documentaire très intéressant, qui questionne la présomption d’innocence, la manipulation des informations par les médias et journalistes, jusqu’aux sociologues et philosophes, pour servir une cause. Un livre qui montre combien les avancées politiques et sociales sont souvent clivantes, passionnées. Et retrace le destin fatal de Jean-Baptiste Rambla, élevé dans la culpabilité, le sentiment d’injustice et de vengeance.
Editions Presses de la cité (janvier 2022)