Taz et Marnie vivent au fin fond du Montana, dans une vieille bicoque où tout est à refaire. Un chantier qui n’en finit pas, avec les dettes qui s’accumulent et les boulots un peu trop rares. Mais ils sont heureux, ils rayonnent de bonheur, d’amour, de solidarité. Marnie rabroue Taz, le met dans le droit chemin, lui rappelle la réalité des choses, un peu brute, franche, mais le sourire et la tendresse à tous les coins du cœur. Taz aime faire bien les choses, passe des heures à assembler un meuble, se laisse déborder par toutes les tâches, mais son amour absolu et pur pour Marnie le guide, le fait avancer, le cadre.
Et Marnie va pousser un peu plus fort Taz à faire les choses, parce que Marnie a le ventre qui s’arrondit chaque mois un peu plus. Et bientôt il faudra une vraie maison pour un vrai bébé.
Puis le drame.
Cinquante pages, le lecteur ou la lectrice, est déjà plein d’amour pour ce couple authentique, généreux et beau, et Pete Fromm brise le cœur de Taz et le nôtre en même temps.
L’histoire va raconter le chantier perpétuel qu’est la vie de Taz, qui va devoir se reconstruire, retrouver ses marques. Soutenu par son amie et collègue Rudy. Celui-ci le pousse à voir des gens, boire une bière, sortir le nez dehors. Rapidement secondé par Elmo, la babysitter, organisée, pragmatique, énergique, souriante, le « cœur sur la main ».
Pete Fromm est un orfèvre de l’empathie : ses mots soulèvent des bourrasques d’émotions, on aime ses personnages à la folie, on a envie de faire partie de leur clan, de leur tenir la main, de les soutenir, de les secouer. Ses descriptions du quotidien, justes, qui touchent droit à la cible, tout entourés de silence et de simplicité, donnent l’impression de faire partie de ce monde, d’être dans cette maison tout de bric et de broc.
Il n’y a aucun pathos, aucune niaiserie, aucune facilité, aucun détour : Pete Fromm sait parler des gens, de la nature, des liens indéfectibles, de la douleur intense.
Lire Pete Fromm, c’est comme trouver une deuxième famille.
Ed. Gallmeister (2019)
Trad. Juliane Nivelt
Du même auteur:
Lucy in the sky
Le nom des étoiles
Le lac de nulle part
Pete Fromm est né le 29 septembre 1958 à Milwaukee, dans le Wisconsin. Il vient d’avoir vingt ans lorsque, fasciné par les récits des vies de trappeurs, il accepte un emploi consistant à passer l’hiver à Indian Creek, au milieu de nulle part (dans les montagnes de l’Idaho), pour surveiller la réimplantation d’œufs de saumons dans la rivière. Cette saison passée en solitaire au cœur de la nature sauvage bouleversera sa vie. À son retour à l’université, il supporte mal sa vie d’étudiant et part barouder en Australie. Poussé par ses parents à terminer ses études, il s’inscrit au cours de creative writing de Bill Kittredge. Son diplôme obtenu, il devient ranger et commence chacune de ses journées par plusieurs heures d’écriture. Après avoir jonglé entre son activité d’écrivain et les différents métiers qu’il cumule, il décide finalement de se consacrer à plein temps à la littérature. Aujourd’hui, Pete Fromm a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont remporté de nombreux prix et ont été vivement salués par la critique. Il est notamment le seul auteur à avoir remporté cinq fois le prix littéraire de la PNBA (l’association des libraires indépendants du Nord-Ouest Pacifique). Indian Creek récit autobiographique qui raconte son hiver en solitaire dans les Rocheuses, a été son premier livre traduit en français et est devenu un classique du nature writing aux États-Unis comme en France. Il vit aujourd’hui à Missoula, dans le Montana.