Après la claque Homo Sapienne, premier roman vif, tranchant, contemporain, j’attendais un nouvel ouvrage de Korneliussen avec impatience.
Et voilà qu’enfin arrive La vallée des fleurs.
La narratrice est une jeune femme intelligente, inuite, qui vit au jour le jour sa vie et son histoire amoureuse avec Maliina. Acceptée à l’université au Danemark, elle est à la fois ravie d’échapper au cocon familial très protecteur et inquiète à l’idée de laisser sa petite amie au Groenland.
En quelques allers-retours entre le Groenland et le Danemark, l’autrice tisse un récit introspectif, où les sentiments ont une place prédominante. Confrontée à la solitude, l’angoisse de la narratrice gagne de plus en plus de terrain.
Tourmentée par les suicides récurrents chez les jeunes groenlandais (chaque chapitre commence par la description brève d’un suicide), elle questionne la place que l’on peut trouver dans un monde où l’on subit racisme, homophobie, violences, où l’on s’énivre, se drogue, cherchant une échappatoire illusoire.
Un livre qui montre le tourbillon lent et inexorable qui mène vers la dépression.
Korneliussen signe un roman bouleversant, un regard sans compromis sur la jeunesse groenlandaise. Agrémenté de beaucoup de tendresse pour des personnages à la marge d’une société conventionnelle qui tente de figer l’humain dans des codes étriqués, elle montre le danger mortel qui plane sur toute une génération, sur toute une population.
Éditions La peuplade (2022)
Trad. Inès Jorgensen
Autre livre de Niviaq Korneliussen sur le site : Homo sapienne
Née en 1990, Niviaq Korneliussen est née dans la ville de Nanortalik, au sud du Groenland, et vit aujourd’hui à Nuuk. Son premier roman, Homo Sapienne, a marqué un tournant dans l’histoire littéraire groenlandaise en devenant l’un des premiers succès internationaux inuits. La Vallée des Fleurs a remporté le Grand prix de littérature du Conseil nordique 2021.