Constance, petite fille solitaire, vivant avec sa tante et son oncle dans un « château ». Élevée « à la dure », par sa tante (son oncle préférant picoler tout seul dans le salon), elle se retrouve souvent enfermée dans le grenier, où grouillent les araignées, où les ombres s’étirent.
Constance ne sait rien de ses parents. Ne sait rien du monde extérieur. C’est la tante qui régit tout. La tante qui la garde tout le temps enfermée sur leur domaine. La tante qui lui fait cours.
Jusqu’au jour où une famille de Portugais s’installe pour devenir leurs gardiens. Ils ont deux enfants. Et là, petit à petit, Constance va se révéler. A elle-même, et auprès d’eux.
Matthias Lehmann révèle un univers sombre, où le noir et blanc, dense et tranchant, ne laisse pas beaucoup de place à la légèreté, à l’espoir ou au sourire.
Le sujet de départ est dur, et ne va pas en s’allégeant au fil de l’histoire.
Tout est vu par le regard de l’enfant, ce qui donne sûrement cet aspect caricatural, où la méchante tante ressemble aux méchantes sorcières des contes, où les arbres du domaine prennent l’allure de forêt mystérieuse, où les baisers se font coucher dans l’herbe, où les animaux ont presque le don de parole.
Un album qui touche par son intensité, variant entre un réalisme brut et des notes fantasmagoriques glaçantes. Sur un thème délicat, Matthias Lehmann nous livre un conte horrifique et bouleversant.
Éditions Actes Sud (15.04.15)