Elle viendra à l’écriture un peu par hasard, par le journalisme, puis poussée par Maurice Sachs.Elle sera toujours une femme indépendante, même mariée, même rampante pour récolter un brin d’affection, elle est forte, même pleurant sur l’abandon elle serre les poings. Elle écoute sa douleur pour la dompter, elle s’en délecte, comme elle goûterait toutes les saveurs d’un plat avant de le cuisiner : pour en faire un repas qu’elle pourra dévorer. Pour pouvoir créer.
Roman très autobiographique qui traiter des thèmes de l’amitié, de l’amour (deux sentiments qui se mélangent très souvent chez elle), du désir d’être et d’avoir, qu’on l’aime, se sentir aimée et choyée, et en même temps toujours désirer l’inaccessible. Avoir une sorte de fascination pour celui qui semble plus intelligent, plus beau, plus libre, plus grand qu’elle (dans ce livre ce sera surtout flagrant à travers ses relations avec les hommes Maurice Sachs et Gabriel).
Elle est extrêmement cruelle, égoïste, distante, froide, exigeante envers les êtres qui l’aiment et tentent de prendre soin d’elle (ici Hermine (Denise Hertgès dans la vraie vie)). Elle les garde, les passionne, un an-deux ans-dix ans… et puis… ils s’étouffent, elle les pressure tant qu’ils finissent par l’abandonner, l’aimer de loin, du plus loin possible pour ne pas être détruits.
Sous des apparences de simplicité, de dialogue brut avec le lecteur, il y a une vraie écriture profonde, maniée avec soin, qui demande concentration et sensibilité. Une écoute. Violette Leduc joue avec le lecteur, le manipule, l’apostrophe.
Elle parle avec son cœur, son ventre, ses chairs, ses douleurs, ses peurs, ses passions.
Lisez Violette Leduc !
1ère édition : 1964
Editions Gallimard L’imaginaire (1996)