Le roman suit Khalil un jeune homme belge qui accompagné de quelques frères dont son meilleur ami Driss, se rend à Paris un certain 13 novembre 2013 à Paris, ceinture d’explosifs à la taille. Assigné au RER du Stade de France, Khalil ne peut déclencher la ceinture d’explosifs au moment voulu alors qu’autour de lui règne le chaos. Il survit donc à son corps défendant. Driss lui ne s’en sort pas. Contraint de se cacher mais déterminé à prouver que son échec n’est pas dû à sa lâcheté, il se réfugie chez un ami d’enfance en Belgique. De là, Khalil va chercher à réintégrer le réseau tout en se confrontant à l’incompréhension de son entourage, à qui il cache son engagement.
De son acte kamikaze raté, l’histoire suit Khalil dans son existence post-survivance, avec ses pensées et ses tourments, ses contradictions et interrogations. La narration bouleversante est entrecoupée de ses souvenirs d’enfance, de son embrigadement et de tous les événements qui l’ont menés à participer aux attentats du 13 novembre 2015.
La dualité émotionnelle du texte est extrêmement intéressante : le lecteur est à la fois plongé dans le cerveau de Khalil, humain et normal au point que c’en est déconcertant et suffisamment détaché d’un événement pourtant si présent et proche de nous pour lui apporter une vision contrastée, à la fois objective et subjective, peuplée de zones graves et d’humanité, formidable, sociale, sociétale, culturelle, de ce qui peut mener un jeune homme comme tout le monde à commettre de tels actes. L’auteur ne paraît pas juger, même s’il est évident qu’il condamne le terrorisme.
Khalil se lit d’une seule traite et laisse songeur un long moment, nourrissant une réflexion qui peut porter à, non l’indulgence ou la justification, mais une compréhension et une compassion pour un bourreau qui est aussi une victime des circonstances.
Editions Julliard (2018)