Katia Maruani-Bijaoui, la dirigeante
Désormais, la librairie Maruani a changé de propriétaire. Mais quelle importance au fond, puisque c’est Katia, la fille de Nicole qui en a repris les rênes ?
Comme on dit l’affaire reste en famille. La preuve, Katia a voulu que le prénom de sa mère soit inscrit dans le logo de la librairie. Comme le symbole d’une filiation forte et évidente … Et d’une reconnaissance pour l’œuvre accomplie.
Le passage de témoins s’est opéré en douceur. En 2016, alors que Nicole cherche une collaboratrice, elle en parle à Katia qui se propose d’assurer cette responsabilité. Enthousiaste, sa mère accepte. Rien d’étonnant à cela. Les destins réciproques d’une mère et de sa fille sont souvent profondément imbriqués.
Depuis toujours, Katia connaît intimement l’histoire de la librairie, liée à celle du quartier du Château des Rentiers. Comme sa mère, elle est porteuse d’une partie de cette histoire, a vécu sa mutation, avec son lot d’émotions parfois enthousiasmantes, parfois tristes.
Chez nous, dit-elle, « l’éducation, assez stricte au demeurant, s’appuyait sur des valeurs fortes. Le respect des autres, du travail, d’une certaine rigueur morale. Ainsi armés on pouvait résister ».
Vient le temps de passer son bac de français … Hospitalisée à la Salpêtrière, elle le prépare alors sur un lit d’hôpital. C’est déjà une lectrice accomplie grâce à un professeur de français qui lui a inoculé l’amour de la littérature en CM2 et « qu’elle a retrouvé tout récemment à la librairie. » Elle se passionne alors pour les œuvres de Stephan Zweig mais aussi de Maupassant, et de bien d’autres …
À 18 ans, le bac en poche, son univers géographique s’agrandit. Après avoir travaillé chez Nina Ricci pour payer ses vacances, elle part à Cannes avec trois copines.
C’est l’aventure, mais aussi le temps d’une autre révélation. « À cette occasion, j’ai découvert la superficialité des rapports entre les gens, et cette sorte de hiérarchie sociale factice uniquement fondée sur le fait qu’on ait de l’argent ou pas ». Mais cela n’altère en rien ces propres convictions, héritées de son éducation. Comme elle le dit « Il n’y a pas que l’argent qui compte… »
De retour à Paris, elle entre à la faculté de droit, même si au fond « elle aurait préféré faire architecture ». Autres mœurs, autres copains. Elle sort beaucoup, s’enivre de cette nouvelle liberté. Résultat, elle rate la première année. « J’en ai été très vexée, avoue-t-elle, déçue aussi ».
Du coup elle se ressaisit, même si elle garde en elle « le sentiment de ne pas être toujours à la hauteur ».
Katia a un objectif. Elle veut décrocher un job dans la promotion immobilière, ou bien dans une collectivité territoriale, voire dans une entreprise. Pour cela, il faut acquérir encore quelques diplômes supplémentaires. Maîtrise de droit des affaires, DESS en droit immobilier puis DESS en urbanisme … avec en prime cette fois-ci, le coup de foudre avec Olivier, déjà chef d’entreprise ! Cette fois-ci, pas question de tergiverser. « C’était le bon ! » se souvient-elle avec émotion.
Avec lui, enfant du quartier lui aussi, adoubé par ses parents qui le connaissaient bien puisqu’il logeait en face de la teinturerie, Katia sait que tout devient possible. C’est l’heure des impatiences, des rêves et des déclarations, puis de la vie commune et enfin du mariage en mai 1994.
C’est aussi le départ pour une nouvelle aventure. Entre l’éducation de leurs enfants et l’engagement professionnel au sein de WFS, la société de son mari, où elle s’occupe de la gestion immobilière et des constructions puis de la Fondation d’entreprise, Katia met en musique les valeurs sur lesquelles a toujours reposé sa vie : engagement, responsabilité et altruisme, au travers d’initiatives et de projets de formation et d’insertion sociale jusqu’en 2016.
Pour elle, c’est alors la période des interrogations et des doutes. Que faire ? Dans quoi s’investir ? Comment redonner du sens à son besoin d’engagement ?
Toutefois, le hasard faisant bien les choses, ses doutes s’estompent très vite. En effet, il est encore un endroit où elle peut s’engager, la librairie de sa mère, laquelle accepte de passer désormais le témoin.
Dès lors tout s’accélère. Habitée par son projet, soutenue par Olivier, pleine d’idées nouvelles, Katia s’implique. Elle revoit le système informatique, réorganise la gestion, développe la restauration. Comme elle le dit avec fierté, « Je suis devenue chef d’entreprise, avec la profonde détermination d’innover tout en conservant l’esprit de l’endroit initié par ma mère. »
Aujourd’hui, à nouveau réunies, fières l’une de l’autre, mère et fille travaillent de concert au développement de la librairie.
Tout cela, évidemment, pour le plaisir des lecteurs qui peuvent jouir à la fois de l’expérience de l’une et des espérances de l’autre.
Chère Katia,
Je ne sais qui t’a tiré le portrait ou si tu l’as brossé toi-même! Peu importe!… En tout cas, il respire la vérité, la sincérité, la justesse…..
A travers ton chemin de résilience et tes combats, je reconnais la femme moderne, humaniste, engagée et révoltée que tu es, une femme qui ne s’en laisse jamais conter, qui ne cède rien, qui ne lâche rien sur les valeurs, les idéaux… je te reconnais et rends un vibrant et émouvant hommage aussi à la belle femme sensible, chaleureuse et empreinte d’empathie que tu es, toujours à l’écoute, naviguant au plus près des désirs des visiteurs de la librairie et devançant leurs attentes en leur suggérant des nouveautés ou des livres auxquels ils n’auraient pas spontanément pensé, des rencontres-dédicaces, des ateliers d’écriture, des concerts…..
Merci mille fois pour tout ce que tu es, pour tout ce que tu nous donnes à voir, à lire et à partager avec grâce et à travers la joie et la lumière de ton beau sourire.!.
AMITIE INDEFECTIBLE..