Tout est plutôt tranquille dans la famille Morton. Ils vivent dans une petite ville où tout le monde les connaît. Billy est un vieux pêcheur, Lita sa femme est une avocate engagée qui a tout laissé tomber par dépit, leurs deux fils Lucas et Jimmy, dans le genre vifs, intelligents et bons petits gars.
Un jour de pêche, un drôle de poisson surgit des mers. Une petite boule poilue. Sans visage, sans bouche, sans yeux, sans membre. Mais qui semble douée d’une certaine intelligence.
Billy l’invite chez lui. La boule de poil suit.
Baptisée Louie par la famille, ce « ballon de plage gris » va se développer, sa forme et sa taille restent les mêmes, mais il va de plus en plus interagir avec son environnement. Des jeux avec les enfants, aux longs moments passés devant l’ordinateur, il s’adapte.
Il peut moduler son corps, lui faire prendre plein de formes, et ne semble pas ressentir la douleur.
Et il va s’avérer que Louie est un extraterrestre, et qu’il n’est pas venu seul.
Invasion est un roman drôle, politique, sociétal et divertissant.
Car Louie et ses potes ne veulent qu’une chose : s’amuser. Et ne comprenne pas le système mondial (et surtout américain) où l’argent prime, où les cartes sont faussées dès le départ, avec les plus puissants qui ont tout et ne lâche rien, avec cette course à l’armement.
Du coup, Louie, super intelligent, avec quelques compatriotes, détourne l’argent des banques, pirate les données militaires et des agences de sécurité secrètes.
En parallèle, ils jouent autant qu’ils le peuvent. Ils font des festivals, des cabrioles, font marrer les gens, les poussent à agir pour le rire et la joie, à faire des choses juste parce que c’est drôle.
Évidemment, ça ne rend pas tout le monde contents.
Un livre vraiment très agréable, avec un discours socio-coco funky. On s’attache rapidement à cette petite famille normale des États-Unis, qui se retrouve avec toute leur vie chamboulée, alors qu’ils veulent juste rester ce petit clan confortable (le problème c’est que ce sont aussi d’anciens « hippies », contre la guerre, les injustices sociales…. donc ils aiment bien se mêler au bordel provoqué par les PP – Petit Poilus)
Il enfonce des portes ouvertes, et en même temps, c’est vrai que ce monde va mal, avec son système inégalitaire, cette masse d’argent dépensé pour l’armement, et que ce serait bien plus drôle de mettre la priorité à l’amusement et à la solidarité.
Un roman prenant avec des changements de narrateur qui montre comment cette invasion impacte les gens, de la personne lambda aux instances les plus hautes placées. Une œuvre satirique, où il y a du suspens, de l’humour, de l’amour, de l’action, de la réflexion politique, de la vision sociétale.
Pour ceux qui connaissent, ça rappelle un peu Martiens, Go Home de Fredric Brown
Traduction de Francis Guèvremont.
Ed. Aux forges de Vulcain (2018)