Lena Moss est la jeune cadre dynamique qui ne se laisse plus emmerder par rien ni personne. Dans un futur très proche, les femmes rembarrent les hommes qui osent encore des remarques dans la rue. Les agressions, harcèlements sexuels et viols, commencent à décliner, mais leur violence est toujours là, tapie.
Lena, un jour, aux informations, reconnaît le visage d’un homme recherché pour mauvais sévices et meurtre de plusieurs femmes. Elle se rappelle alors.
Tout ce qu’elle avait refoulé bien loin en elle.
L’histoire d’une relation trouble, toxique, violente qui l’a liée à cet homme pendant plusieurs semaines, au fin fond de l’Irlande.
Lena Moss va alors se souvenir de chaque étape, petit à petit vont remonter.
Elle va se rappeler son état lors du deuil de ses parents, la rencontre avec ce texan immense, viril, qu’elle laissera approcher, puis sa rencontre avec Gwyn, l’homme doux, compréhensif, féministe, celui avec qui tout pourrait être possible.
Emmanuelle Richard commence son livre comme une démonstration de tout ce qui ne fonctionne pas, de toutes les dissonances, de toutes les violences, issues, acceptées, construites, par le monde patriarcal. Lena, femme de pouvoir, n’arrive à avoir que des relations froides, sèches, expéditives avec les hommes, qui la cataloguent comme une femme froide et sans besoin de tendresse – parce qu’elle est une femme qui sait ce qu’elle veut, et dirige une entreprise.
Lena, jeune femme perdue, en deuil de ses parents, à un moment de sa vie où les repères sont floues, où elle planque sa fragilité derrière les silences, se retrouvent petit à petit sous l’emprise d’une relation toxique, brutale. Le texan la manipule en gestes et mots cajoleurs, pour ensuite ne pas écouter lorsqu’elle dit Non, l’étrangler pour la faire taire…
Puis Emmanuelle Richard offre une lueur d’espoir, de la douceur, de la complicité, lorsque Lena croise le chemin de Gwyn, et partage un pan de sa vie. Une existence à deux équilibrée, où l’homme devient attirant, sexy, par le biais de la tendresse, de l’écoute, de la parole.
Ce livre montre toute la construction d’une femme à travers ses interactions intimes avec les hommes. Comment elle est perçue, utilisée, jusqu’à parfois se définir elle-même par le regard que l’on lui impose. Jusqu’à ce qu’elle se sauve, se trouve. Le personnage de Lena, dès le départ, est fort, cette force lui permettra de se sortir des situations les plus angoissantes et destructrices… mais elle n’évite pas les pièges, ni les blessures.
Le livre d’Emmanuelle Richard, écrit sans fard, sans concession, parvient en quelques lignes à instiller la colère, la peur, l’empathie, pour ensuite nous entourer d’un cocon sensuel et apaisant. On admire Lena, pour sa résilience, pour le regard franc qu’elle a sur elle-même et sur les hommes.
Hommes est à la fois un cri d’alerte et un cri d’espoir : Hommes, ce sont tous ceux qui continuent à voir les femmes comme des objets, des êtres inférieurs, des personnes à éviter lorsqu’elles se montrent fortes – Hommes, ce sont aussi ceux qui ont compris l’égalité, qui la trouvent logique, qui n’ont aucun besoin de domination.
Hommes, c’est le désir féminin qui cherche le partenaire idéal dans une hétérosexualité vérolée, dans une société patriarcale déshumanisante. Mais où tout espoir n’est pas perdu.
Éditions de l’Olivier (19/08/2022)
Autre livre d’Emmanuelle Richard sur notre site : Désintégration (08/2018)
Née en 1985 en Essonne.
Elle publie son premier roman à 24 ans, en 2010, aux éditions L’école des loisirs : Selon Faustin, un roman jeunesse pour public adolescent.
Son deuxième roman, La Légèreté, est publié en 2014 aux éditions de l’Olivier. Pour Virginie Bloch-Lainé dans le journal Libération : « La Légèreté est un roman d’une finesse et d’une précision extrêmes sur les souvenirs universels d’un âge tendu vers l’avenir. L’intensité qui caractérise l’adolescence, Emmanuelle Richard la met moins dans les rapports difficiles de son héroïne avec les autres que dans sa détermination à « habiter un corps vivant » . »
En 2016 est publié son troisième ouvrage, le roman Pour la peau, qui raconte une passion amoureuse. Il obtient la même année le prix Anaïs-Nin et le prix Marie Claire du roman féminin.
En 2018 paraît Désintégration, roman donnant à voir le motif de la haine de classe en réaction au mépris de classe dans un Paris contemporain. Le titre est inspiré du film de Michel Faucon, La Désintégration, et fait référence à la colère et à la souffrance vécue par le personnage principal du roman, « autosociofiction » qui montre la radicalisation d’une jeune femme confrontée au mythe de la méritocratie.
En 2020, Emmanuelle Richard publie Les corps abstinents aux Éditions Flammarion qui est présenté par ces mots (imprimés sur la couverture) : « J’ai discuté avec celles et ceux qui comme moi ne font plus l’amour. »
Pour l’autrice, « chaque texte (…) est une sorte de prétexte pour justifier juste une scène ou une image »
Rentrée 2022 paraîtra Hommes, aux éditions de l’olivier.
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