Quatre jeunes trentenaires vivant dans le sud de Londres sont un peu à court de tout, d’envie, de réussite, de perspective.
Le hasard les amène à se rencontrer et à nouer des relations pour le meilleur et plus souvent pour le pire.
Becky est danseuse mais n’arrive pas à décrocher un contrat, Pete est au chômage et galère, Leon est le meilleur pote de Harry (une fille) et à eux deux ils ont un commerce assez juteux de cocaïne.
J’ai aimé l’écriture de Kate Tempest, qui ne dit pas tout, trouve les images parfaites, qui donnent à ressentir les montagnes russes émotionnelles de ses personnages, et Londres. Ville que l’on voit par ses bars, ses fêtes, que l’on sent vibrer.
J’ai adoré les descriptions du corps de Becky, ses mouvements, sa sensualité, sa beauté. Sa luminosité.
J’ai souri aux repas de famille tellement justes en malaise, en non dits, en mots précautionneusement prononcés pour que rien n’éclate.
J’ai tout aimé : de la violence qui tord l’estomac à l’électricité des premiers émois amoureux.
Embarquée, complètement. Je faisais partie de cette petite bande.
Et, dans ce livre, alors qu’on pense avoir déjà tout lu des trentenaires un peu perdus, un peu underground, de drogue, sexe, alcool, en marge, on est bousculé. Kate Tempest nous les montre comme des gens normaux, comme nos voisins, nos potes. Avec leur part secrète, leur part sombre, leurs rêves. Du cliché attendu on tombe dans un monde complexe, loin du manichéisme, des personnages aux teintes de gris infinies. Humain.
Et n’oublions pas la musicalité de certaines phrases. Là où la poésie urbaine surgit, enroule, enveloppe, cogne, bouscule.
Éditions Rivages (janvier 2018)