À Little Wesley (ville imaginaire dans le Massachussets) s’épanouit tranquillement une bourgeoisie américaine. Entre les soirées, les invitations aux barbecue, les soirées costumées, les journées s’écoulent agréablement.
Sauf qu’un couple détonne un peu : Vic et Melinda. Marié.e.s depuis une dizaine d’années, avec une petite fille discrète, sont invité.e.s partout. Seulement Melinda trompe ouvertement Vic. Elle ramène ses conquêtes aux soirées, s’enivre, danse avec, leur murmure à l’oreille. Et quand elle se lasse, ou quand l’un d’eux doit retourner dans sa région, elle en trouve un autre.
Vic laisse faire. Protégé par un flegme et une patience qui suscitent l’admiration et la stupéfaction de ses proches. Par jeu, par provocation par ennui, par fierté, il susurre à soir à l’oreille de l’amant du moment qu’il aurait assassiné le précédent (son meurtre non élucidé a fait la une des journaux).
Évidemment, dans cette bourgade où tous se regardent en coin la rumeur se répand vite. Et les clans se forment rapidement : ceux et celles qui savent l’innocence de Vic, comprenne son mensonge, et lui demande d’agir par rapport aux frasques de son épouse, et ceux et celles qui le désigne comme le coupable, le mari jaloux et sanguinaire.
Patricia Highsmith distille doucement son histoire, faisant de Vic le narrateur principal de ce suspens psychologique. Cet homme poli, réservé, pondéré, incapable de gérer sa femme, qui nous semble tout d’abord être une victime, une personne rationnelle, et qui petit à petit, deviendra de plus en plus trouble, son sang froid le mènera à commettre des actes terribles.
L’autrice est très forte pour décrire cette communauté toute proprette mais assoiffée de scandale, de « qu’en dira-t-on », qui se mêle de tout. Elle pose une atmosphère de plus en plus resserrée, étouffante. Elle perturbe lecteur et lectrice, solidaire d’un personnage principal n’est pas si « gentil » que ça.
Traduction : Jean Rosenthal
1ère édition : 1958
Éditions Le livre de poche