Bérubé, bouddhiste pratiquant depuis plusieurs années, décide de devenir moine, et pour cela, de se rendre au Tibet.
Au cours de ses pérégrinations, il connaîtra de nombreuses déceptions.
L’auteur raconte son voyage, ses rencontres, il découvre que le bouddhisme n’est pas forcément pratiqué avec la droiture qu’il espérait, que certains l’utilisent même à des fins matérialistes.
De naïf à très en colère, en passant par plein d’espoir et triste, Bérubé offre le récit de son voyage avec une sincérité apparente. Il ne se ménage pas.
Endossant régulièrement le rôle du reporter, il permet également au lecteur de découvrir le quotidien des chinois et des tibétains, leurs espoirs et leur quotidien.
On est très loin des récits de voyage carte postale où tout le monde est sympathique, où les décors sont magnifiques, et qui ne semblent être que plaisir et bonheur.
Les dessins ont l’apparence de croquis pris sur le vif, légèrement tremblotants, et renforcent l’idée que Bérubé n’a pas cherché à enrober l’histoire dans de jolis apparats (il faut aussi souligner que dans la préface, Tripp signale que Bérubé a eu une grave tendinite au poignet qui l’a forcée à revoir complètement sa façon de tenir son crayon et de dessiner, ce qui explique aussi peut-être le style de cet album).
Pour finir, je tiens à souligner la qualité narrative de cette bd, qui tient le lecteur, du début à la fin. On suit Bérubé, et ceux avec qui il se retrouve parfois à faire un bout de parcours, à travers son voyage et ses périples, découvrant avec lui la déception qu’il éprouve une fois découvrant l’envers du décor.
Une bd vraiment intéressante.
Je me suis intéressée à cette histoire après avoir découvert celle d’Alexandra David-Néel dans la bd Une vie avec Alexandra David-Néel. Elle qui était bouddhiste convaincue, qui avait fait ce voyage jusqu’au Tibet. Qui en était revenue toujours très attachée à ce pays et au bouddhisme.
Est-ce que les choses ont changé, là-bas, depuis l’expédition d’Alexandra David-Néel ? Évidemment. Mais peut-être pas tant que ça non plus (les difficultés à circuler librement, la « milice »).
En tout cas, c’est un sacré contraste. Alexandra David-Néel ayant trouvé des lieux où sa spiritualité a été mise à épreuve et a pu se surpasser, alors que Jean-Sébastien Bérubé est finalement reparti plein de désillusions.
Éditions Futuropolis (09.02.2017)