Années 40. Le monde est en guerre, et vient frapper à la porte des États-Unis. La mafia prospère, mais en effectif réduit. Joe Coughlin, ancien parrain, mais toujours très influent et faisant parti du comité décisionnaire de la mafia, voit son train de vie mondain et assez paisible bousculé : quelqu’un chercherait à le tuer…
Il est pourtant en dehors des affaires, sert plutôt bien les intérêts des uns et des autres, et a toujours été considéré comme le « bon » chef. Alors pourquoi ? Et qui ?
Dennis Lehane parvient avec talent à faire vivre ses personnages, les États-Unis des années 40, et ce monde mystérieux, glamour, dangereux et magnétique qu’est celui des mafieux. Ce monde disparu signe la fin de la trilogie autour de la famille Coughlin (Un pays à l’aube et Ils vivent la nuit), mais parvient à en faire un roman à part entière et indépendant des deux précédents. Même si l’on trouve des références au passé des personnages, cela n’empêche pas du tout de comprendre tous les tenants et aboutissants de ce dernier opus.
Dennis Lehane tient son récit dans un suspens constant, entre les fusillades et les dialogues à couteaux tirés, on sent la menace peser constamment sur Joe et sur l’équilibre, finalement très fragile, du milieu du crime. À chaque instant, tout peut basculer, et la guerre au sein de Tampa (Floride) peut éclater.
Le personnage de Joe sort des sentiers classiques du mafieux, pour offrir un portrait complexe et ambiguë d’un homme aux mains pleine de sang, qui sait toujours se montrer dur et violent, mais avec une réelle tendresse et des blessures qui ne se fermeront certainement jamais.
Ce livre est une réussite pour qui aime se plonger dans un univers en tension, où le sang jaillit brusquement, où les hommes ont un code d’honneur et la gâchette facile.
Éditons Rivages (28.10.2015)