Rose a une petite vingtaine lorsqu’elle arrive à Paris. À l’orée du XXème siècle, une époque qui se modernise, où les mœurs changent, et où les repères n’existent plus, la jeune fille tente de trouver sa place. Et de se trouver.
Issue d’une famille aisée, elle a grandit sans l’affection de ses parents. Et a appris tout ce qu’elle sait de sa nounou ultra protectrice : Zelada. Rose sait faire le ménage à la perfection, a un grand savoir en botanique, sait parler trois langues… mais n’a absolument aucune connaissance en la nature humaine.
Sans argent, Rose va compter sur la chance, et la bonté des gens qu’elle va croiser. Bonté toute relative…
L’écriture d’Agnès Desarthe, à la fois légère et riche, pleine de détails et aérienne, fait voyager le lecteur et l’immerge dans la vie de cette jeune femme innocente, naïve, fragile et terriblement attendrissante, qui suit les élans de son cœur.
On découvre son existence ballotée, de la plus grande pauvreté au faste exubérant, entre tendresse et solitude, de l’Afrique à la France, en passant par le Danemark. Des portraits de personnages toujours sur la brèche, empêtrés dans les convenances, se cherchant eux-mêmes.
Ce sont aussi des pans de l’histoire de la France que nous traversons, l’ombre de Richard Dreyfus, la silhouette de Nadar, le piquant des années folles, les coulisses de l’opéra Garnier, les troubles de la Grande Guerre…
Un roman d’une grande maîtrise dans sa construction, utilisant les retours en arrière pour éclairer le présent, passant aisément de l’humour à la tragédie, du mélodrame à l’insouciance, du milieu mondain aux bas-fonds parisiens.
Un livre qui se dévore littéralement.
Editions de l’Olivier (20.08.2015)
Prix Littéraire du Monde 2015
Autre livre d’Agnès Desarthe sur notre site :
Le Château des rentiers (2023)
Agnès Desarthe est la fille du pédiatre Aldo Naouri. Son frère, le chanteur d’opéra, Laurent Desarthe est marié avec la soprano Natalie Dessay.
Considérant très tôt le français comme une langue étrangère – car chez Agnès Desarthe on parle l’arabe, le russe et le Yiddish -, elle tente de l’apprivoiser en écrivant des poèmes qui font pleurer sa mère, des histoires qui enorgueillissent son père.
La traduction est son premier métier. Les livres pour enfants viennent ensuite, les romans, les chansons, les scenarii, les pièces de théâtre. Elle mène diverses activités de front: elle danse et jardine beaucoup.
En écrivant, elle cherche à rendre compte du chaos qui la stupéfie, de la violence qui la cloue et l’empêcherait de se lever si elle ne trouvait pas moyen de l’utiliser, de la mater, de la transmettre.
Issue de la tradition orale, elle a entendu tant d’histoires qu’elle n’a finalement jamais eu d’autre choix que d’en raconter à son tour.
Elle a obtenu le prix du Livre Inter 1996 pour son deuxième roman, « Un secret sans importance« . Son sixième roman « Mangez-moi, » est traduit dans plus de 15 pays.
Elle obtient le prix Renaudot des lycéens en 2010 pour son roman « Dans la nuit brune. » « Une partie de chasse » obtient en 2012 le Goncourt des animaux, décerné par des membres de l’académie Goncourt.
Le 1er janvier 2015, elle a été élevée au grade de chevalier de la Légion d’honneur.
En 2015, elle publie « Ce cœur changeant » récompensé par le prix littéraire Le Monde, et en 2016 « Le roi René » biographie du pianiste de jazz René Urtreger.
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