Bénédict est professeur de lecture comparée en Suisse. Il enseigne à des étudiants fascinés par son magnétisme et son amour passionné pour les mots et la poésie. Des cours intenses de sens littéral et corporel. A tel point que deux élèves sont bouleversés par ses cours, jusque dans leur identité. Parce que Bénédict est mystérieux.
Et Bénédict retourne au printemps en Iran, son pays d’origine, pour y retrouver sa mère, mais aussi pour y enseigner la littérature. Sauf que pour passer la frontière, Bénédict doit reprendre l’identité qui est inscrite sur son passeport : et voilà que Bénédicte doit se recouvrir du hijab, baisser les yeux face aux hommes, et peser ses mots avant de les prononcer.
Bénédicte est en lutte perpétuelle, elle lutte pour avoir droit à son identité, sans qu’elle soit définie par le regard de l’autre, elle lutte pour la liberté de tous, et spécifiquement des femmes dans ce pays où elles n’ont droit à rien, elle lutte pour que les mots touchent et bouleversent ces têtes voilées lui faisant face dans une morne uniformité.
Car Bénédicte rêve d’une douce révolution par la culture. Mais, probablement, que Bénédict.e est un ange descendu.e du ciel bien trop tôt. Peut-être que sa trace laissera quand même une empreinte qui permettra au monde de choisir un autre chemin que la discrimination et la violence.
Cécile Ladjali signe un livre magnifique, d’une écriture poétique, ciselée, intense (bercée par la musique de David Bowie – personnage androgyne emblématique – le livre commençant par l’annonce de son décès). Les mots sont forts, choisis pour leur sens avec précision. Un onirisme qu’elle parvient à ancrer dans un réel effroyable. Les mots donnant au quotidien d’entraves, de dangers et de brutalité, un voile d’espoir, de douceur et d’âme puissante.
Magique.
Éditions Actes Sud (janvier 2018)