Trois courts romans noirs au cœur du quartier de Barbès, entre la fin des années 1980 et le début du XXIe siècle, où l’incontournable détective solitaire et désabusé est incarné par un éducateur de rue et où les criminels se confondent avec les victimes. Grandiose.
Tramson est un éducateur de rue qui sévit à Paris, dans le célèbre quartier bigarré de Barbès. Son travail ? Tenter dans la mesure du possible de maintenir les adolescents et jeunes majeurs dans le droit chemin en leur évitant la prison et leur trouvant des boulots honnêtes. Entre la came, la prostitution, les règlements de compte et les meurtres passionnels, l’éducateur a du pain sur la planche. Ce n’est pas toujours simple, et les moyens employés pas toujours très légaux. Mais il est bien aidé par sa clique, des jeunes qu’il garde sous son aile et des figures du quartier, notamment Abdullah, imam égrillard à la tête du tribunal populaire qui « rend la justice tous les lundis matin ».
Malgré la dureté et la violence de son quotidien, Tramson prend son boulot à cœur et aime chaque rue, impasse, hall d’immeuble et troquet qui constituent son existence. D’autant qu’il ne peut s’empêcher de s’attacher à ses « clients », des âmes si jeunes et déjà endurcies aux affres de l’existence. On ne peut pas sauver tout le monde, mais Tramson essaye, corps et âme.
Dans Barbès trilogie, les habitants historiques de ce quartier légendaire se succèdent, pour le meilleur et pour le pire : immigrés de première et deuxième générations, mères débordées et chômeurs alcooliques, clochards et prostitués, imams à la poigne de fer et foldingues échappés de l’asile, macs et dealers, marabouts et charlatans, camés et gamins des rues. Toute cette population tragique et magnifique que Paris, le centre du monde, tente de cacher aux milliards d’yeux braqués sur elle. Le Paris sciemment oublié par les Woody Allen, Jean-Pierre Jeunet et autres « amoureux » de cette capitale, qui renferme bien des démons derrière sa belle gueule de jeune fille en fleur, à l’instar des héros de son récit. Mais Marc Villard la voit, cette Paris, il la connait, et à travers Tramson, il nous transmet cette vision, cette connaissance, cet amour… C’est un polar pour les véritables amoureux de Paris et ceux de l’humanité dans toute sa décadence et sa splendeur.