On suit une famille sur trois générations, dans un petit village près de Port au Prince, nommé Anse Bleue, et qui connaîtra de loin, et pas si loin, les bouleversements politiques, les milices, les renversements de pouvoir. Partagés entre religion (chrétienne, parce qu’il y a le prêtre chrétien qui essaye de leur inculquer la « vraie bonne façon d’honorer dieu ») et leurs croyances (les esprits exigeants rituels, de talismans), les habitants d’Anse Bleue doivent sans cesse s’adapter aux changements politiques.
En lisant les pages de Bain de Lune on ne peut que voir la beauté étrange de son écriture (très imagée, très portée sur une sorte de lyrisme sensuel).
Avec des phrases puissantes, Yanick Lahens glisse presque de façon anodine des éléments terribles. Et parvient à nous faire toucher du doigt le pourquoi du comment certaines choses s’installent, prennent place, et sèment la terreur (et facilement, on pourrait faire des petits parallèles pas si improbables). L’histoire, au final, est assez sombre, mais l’auteure a une manière lumineuse de la raconter.
Editions Sabine Wespieser (09.2014)
Editions Points (20.08.2015)