L’unique goutte de sang, Arnaud Rozan

Dédicace le 6 octobre 2021 à 18h

Le premier roman d’Arnaud Rozan est puissant, noir dur mais essentiel.

Sydney, jeune homme noir est condamné par une famille blanche.
Son crime ? Avoir été pris au piège du désir de deux jumelles.
La sentence ? La pendaison de ses deux sœurs jumelles, la mort de ses parents et une maison brûlée.
Quant à lui , il est défiguré au bord de la mort et sauvé par le shérif de Chattanoga qui cache un secret: l’unique goutte de sang qui coule dans ses veines est noire.

Cette unique goutte pourrait le conduire à la mort. De le savoir pourrait compromettre son avenir. Il se penche sur le sort de Sydney en l’aidant à se reconstruire et à s’instruire. Sydney par les coups reçus demeurent amnésiques et sa rédemption lui permettra de partir s’émanciper dans le nord, vers les états abolitionnistes et progressistes.

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Ultramarins, Mariette Navarro

Un cargo au cœur de l’Atlantique. La capitaine mène son équipage avec professionnalisme et distance. Solitaire, elle parle peu, ne communique avec les hommes du bateau que pour la bonne marche de la traversée.
Un jour, une demande étrange, et une acceptation immédiate tout aussi déstabilisante : les marins veulent jeter l’ancre et faire une baignade.

La commandante de mer ne participe pas à cette plongée en mer. Seule à bord, elle voit les marins comme de petits points anonymes dans l’eau. Eux, en pleine mer, vivent soudainement et pendant quelques minutes la perte de leurs repères.

De retour sur le cargo, quelque chose d’imperceptible semble avoir changer. Ils sont désormais 21 au lieu de 20, mais avaient-ils bien comptés dès le départ ? Le bateau semble ralentir de lui-même, ou bien est-ce un problème mécanique que personne n’arrive à déceler ?

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Jours de sable, Aimée de Jongh

John Clark, jeune photo-journaliste décroche son premier gros contrat : aller prendre des clichés des habitants, de leurs maisons, des paysages, du Dust Bowl.

Dust Bowl, région entre l’Oklahoma, le Kansas et le Texas, soumise à de terribles tempêtes de poussière, qui recouvrent tout, empêchent la culture des terres, atteignent les poumons des gens, poussent les populations à déserter ces dunes mortifères.

Jours de sable est vraiment une très belle bd et au scénario très bien mené.
Aucun moment d’ennui, l’histoire monte petit à petit en détails et cheminements. Le personnage, ce photo-reporter, passera de l’œil extérieur, témoin, à celui qui s’implique, discute, trouve l’humain.

Intéressantes réflexions sur la manipulation des images, sur le pouvoir de celles-ci. Sur le hors cadre.
Et sur l’implication du photographe par rapport à son sujet.

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Ce qui gronde, Marie Petitcuénot

« Que ce qui gronde prenne maintenant toute la place. »
Laurent Gaudé, Mille vies.

C’est l’histoire d’une jeune mère de 3 enfants qui capitule. Derrière les apparences d’une famille heureuse, l’autrice qui cherche la perfection, dénote la routine, les semblants par des lettres qu’elle adresse à ces enfants qu’elle adore. Son expression se retrouve dans l’écriture.

Chaque maman se retrouve dans les moments parfois difficiles de la petite enfance, quand la charge mentale pèse lourdement entre les devoirs, le ménage, les repas, les weeks qui partent en décrépitude, les promesses qui ne tiennent pas. On a envie de croire que tout peut s’arrêter sauf cette tendresse maternelle, qui, elle, ne s’arrête jamais.

L’autrice écrit des actes de résistances bouleversants. Ce ne sont pas les enfants qui sont la cause de ce qui gronde mais la sensation de s’être oubliée de perdre sa vie, écrit avec des mots justes, tendre et en quête de libération car « sauver sa vie c’est sauver la votre ».

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Le ventre des hommes, Samira El Ayachi

[Rencontre le jeudi 30 septembre 2021, 18h]

Hannah est une enfant issue d’une famille marocaine, immigrée en France au début des années 80. Ils vivent chichement mais soudés, dans une ville du Nord de la France, où le père est mineur.
Dans cette existence grise, entourée de corons, sous un ciel bas, Hannah trouve refuge dans les livres. L’intellectuelle de la famille, qui peu à peu, prend du recul avec les autres mais reste entre deux mondes.

Puis, adulte, Hannah découvre l’histoire de son père. Grâce à des documents officiels, elle retrace son parcours, du Maroc où la précarité et la sécheresse assaille les corps à la France, terre promise d’où un recruteur des mines en mission au Maroc, parvient à recruter plus de 100000 hommes. Le père, taiseux, est celui qui a vécu mille épreuves et a fini par s’engager dans le mouvement contestataire des mineurs marocains en 1987, face à la fermeture des mines.

Samira El Ayachi a une écriture vive et lumineuse, on sent le cœur battre entre les lignes, l’admiration pour des vies ballottées, des combattants solidaires. Par son regard chaleureux et plein d’humanité, elle nous fait découvrir un pan de l’histoire que l’on commence petit à petit à oublier.

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